Histoire du cyclisme
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- Mumus
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Re: Histoire du cyclisme
Mer 24 Oct 2018 - 10:02
Ces deux articles, bravo les gars, ça fait plaisir cette partie !!
- proveloAnimateur Pronos
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Re: Histoire du cyclisme
Dim 28 Oct 2018 - 16:55
Je viens de lire ce que tu as écrit Jo et je pense que c'est vraiment magnifique. Bravo ! J'ai beaucoup appris sur les deux coureurs Italiens parfois rivaux et j'ai adoré. C'est énorme. Bien écrit avec les images en plus c'est parfait. Merci daporter autant à cette partie. La seul chose qui aurait pu être ajoutée à mon avis est un palmarès des deux coureurs à la fin mais sinon bravo encore.
Re: Histoire du cyclisme
Mer 31 Oct 2018 - 17:13
Henri Pélissier, histoire d'une légende française trop souvent oubliée
Vous en connaissez beaucoup des Français qui ont gagné 3 Tours de Lombardie, 2 Paris-Roubaix, Milan-San Remo, un Tour de France et 10 étapes et Paris Tour ? Non ? Alors, laissez-moi vous raconter l'histoire d'Henri Pélissier....
Henri Pélissier est le deuxième enfant d'une fratrie de 5 enfants. Né en 1889, il vit dans le 18ème arrondissement de Paris. Sa mère est serveuse et son père est fermier. Très vite, Henri aide son père dans les travaux de la ferme, plus précisément de la « Vacherie de l'espérance ». Néanmoins, la famille Pélissier a quand-même des moyens financiers et Jean Pélissier, le père de Henri, va offrir à son fils sa première bicyclette en 1900, alors que Henry est âgé de 11 ans.
Alors âgé de 13 ans, Henry arrête l'école pour se consacrer pleinement aux travaux de la ferme et commence à économiser en secret pour s'offrir un vélo de course. En décembre 1904, il dispute sa première course, une épreuve de piste au Parc des Princes.
En 1906, il rejoint l'Union Vélocipédique du 16ème arrondissement mais n'obtient pas de résultats significatifs.
Mais, très vite, Henri va couper les ponts avec ses parents et décide de prendre son indépendance totale. Il loue une chambre de bonne et devient électricien. Ses entraînements s'intensifient mais les résultats ne suivent pas... Un jour, sur un chantier, Henri est victime d'un malaise qui va se transformer en coma. Après une très longue convalescence, Henri retrouve la compétition et se rapproche de la victoire. En effet, il enchaîne les Top 10 et commence à gagner en fin de saison.
En 1910, Henri Pélissier décide de quitter son poste d'électricien pour participer au Tour de France des indépendants. Très vite, il va se faire remarquer : 2ème de la première étape, 5ème de la 4ème étape, et, deux podiums plus tard, Henri Pélissier s'en va remporter une victoire d'étape à Bordeaux, ce qui lui permet de grimper à la 3ème place du classement général. Henri va conserver sa 3ème place au classement général jusque l'arrivée à Paris et toucher une grosse somme d'argent, ce qi va lui permettre de se réconcilier avec son père. L'argent fait peut être le bonheur finalement...
L'année suivante, en 1911, Henri Pélissier devient professionnel au sein de la formation Thomann et est conseillé par François Faber et Gustave Garrigou, 2 anciens vainqueurs de la Grande Boucle. Et on peut dire que ces conseils vont porter leurs fruits. Malgré un début de saison mitigé, Henri va s'imposer : Romagne-Toscane, Milan-Turin et surtout le Tour de Lombardie, premier des 5 Monuments remportés par le Français, pour sa première saison professionnel, à 22 ans.
En 1912, le Français change d'équipe et rejoint la formation Alcyon. Il va confirmer que l'Italie lui réussit grâce à sa victoire sur Milan-San Remo. Impressionnant sur le Tour de Belgique où il va remporter 2 étapes, il est contraint de laisser la victoire finale à son coéquipier belge Odile Defraye à cause d'incidents mécaniques à répétition. Il prend alors le départ du Tour mais une douleur à la cheville causé par une chute à l'entraînement refait surface et le contraint d'abandonner lors de la 4ème étape.
La saison 1913 reprend et cette saison sera marquée par la victoire de 3ème Monument en autant de saisons professionnels. En effet, l'Italie lui réussit si bien au pensionnaire d'Alcyon, il va de nouveau remporter le Tour de Lombardie. Cette saison 1913 sera aussi marquée par sa première victoire d'étape sur le Tour, puisqu'il va remporter, à Brest, la 3ème étape du Tour. Néanmoins, il ne pourra pas poursuivre son Tour tout comme l'ensemble de son équipe, après l'abandon de leur leader, Odile Defrave. Toute la formation Alcyon va se retirer au terme de la 6ème étape.
Durant l'inter-saison, Henri Pélissier rejoint la formation Peugeot. Il y retrouve Alphonse Baugé, son ancien directeur sportif. Et sa saison 1914 sera celle de son meilleur Tour, puisqu'il concluera le Tour 1914 à la 2ème place du classement général, moins de 2 minutes derrière le Belge Philippe Thys,alors qu'avant d'arriver dans les Pyrénées, il en comptait 30 ! Malgré 3 victoires d'étape, il ne sera pas parvenu à refaire son retard.
Le deuxième du Tour dans le col du Galibier. (Source : le petit braquet)
Comme beaucoup de cyclistes de son époque, les frères Pélissier ont participé à la Grande Guerre.
Pélissier devient Champion de France !
Pélissier lors de Paris-Roubaix 1920 (Source : le petit braquet)
En 1920, Henri Pélissier continue d'être impressionnant sur les classiques italiennes : il termine 2ème de Milan-San Remo derrière son coéquipier italien Gaetano Belloni et remporte son 3ème Tour de Lombardie. Néanmoins, il ne parvient pas à conserver son titre de champion de France mais termine tout de même à la 2ème place.
Sur le Tour de France, Henri Pélissier est attendu après la polémique de l'année précédente. Vainqueur de la 3ème et de la 4ème étape, il abandonne à la surprise générale lors de la 5ème étape. Henri Desgrange est, comme la saison précédente, furieux et déclare : « Henri Pélissier ne gagnera jamais le Tour car il ne sait pas souffrir ! ». Il va sauver la mise en remportant Paris-Bruxelles et le GP de la Loire pour la seconde fois consécutive.
En 1921, Henri Pélissier rejoint Bianchi-Dunlop et va remporter son second Paris-Roubaix devant son frère, Francis. Au championnat de France, il va une nouvelle fois terminer 2ème derrière...son frère.
Les frères Pélissier aux deux premières places de Paris-Roubaix. (Source : le petit braquet)
En 1922, Pélissier rentre en conflit avec son directeur sportif et claque la porte. Il rejoint la modeste équipe J.B Louvet avec son frère. 4Ème du Tour des Flandres, il remporte Paris-Tours et Paris-Nancy.
En 1923, les frères Pélissier sont rappelés par Alphonse Baugé, leur ancien directeur sportif qui les engage au sein de la formation Automoto, avec laquelle ils vont disputer la Grande Boucle.
Vainqueur de 3 étapes, et malgré un début de Tour compliqué, Henri Pélissier va construire son sacre dans les Alpes et, cette fois, ne va pas faiblir. A 34 ans, il remporte sa première et dernière Grande Boucle après de multiples abandons dans cette épreuve. Cette fois, Henri Desgrange va tarir d'éloges le vainqueur : « « Henri Pélissier nous a donné tout le jour un spectacle qui vaut tous les spectacles d'art. Sa victoire a le bel ordonnancement, le classicisme des œuvres de Racine, elle a la valeur de beauté d'une statue parfaite, d'une toile sans défauts, d'un morceau musical destiné à demeurer dans toutes les mémoires. »
Pélissier remporte enfin la Grande Boucle en 1923 !
1924 est pour Henri l'année du déclin. Une seule victoire sur le Tour du Pays Basque, remporté par son frère, et de multiples places d'honneur dont une 5ème place sur Paris-Roubaix, une nouvelle 2ème place sur les championnats de France.
Mais surtout, lors du Tour, un épisode marquant de la carrière du Français aura lieu. Du fait de leur longueur importante, de nombreuses étapes partent de nuit. Pour lutter contre les différences de température, le coureur de la Bianchi part avec plusieurs couches de vêtements qu'il enlève au cours de l'étape, ce qu'interdit le règlement. Les commissaires de course interviennent et le tenant du titre est exclu. Le patron du Tour, Henri Desgrange, intervient et annonce que le problème sera réglé autour d'une table à l'arrivée de la prochaine étape. Henri prend donc le départ mais abandonne avec son frère et déclare : « Un jour viendra où ils nous mettront du plomb dans les poches, parce qu'ils prétendront que Dieu avait fait l'homme trop léger. Si on continue sur cette pente, il n'y aura bientôt que des clochards et plus d'artistes. Le sport devient fou furieux. Nous souffrons du départ à l'arrivée. Voulez-vous voir comment nous marchons ? [...] Ça, c'est de la cocaïne pour les yeux, ça c'est du chloroforme pour les gencives. », Nous marchons à la dynamite
En 1925, Henri Pélissier chute lourdement sur le circuit de Paris et prend le départ du Tour diminué. Il est contraint à l'abandon au terme de la 4ème étape. Ce sera une année compliquée en termes de résultats pour le triple vainqueur du Tour de Lombardie. Le début de la fin...
Une 6ème place sur Paris-Roubaix est son dernier résultat remarquable. Sa fin de carrière est surtout marquée par de nombreuses chutes, souvent violentes. Il prend ainsi sa retraite et publie « Roman de ma vie » en 1933, son autobiographie. La même année, sa femme, Léonie, se suicide et Henri entame une relation avec Camille Tharault, de 20 ans sa cadette. Cette dernière, lors d'un dispute conjugale, s'empara d'un revolver et tira 5 fois sur son mari, lequel l'avait préalablement balafrait le visage. Camille Tharault écopera d'un an de prison avec sursis, justifiant son acte par la légitime défense.
Alors, que retenir de Henri Pélissier ? Tout d'abord, l'un de palmarès les plus fournis du cyclisme français. Mais aussi, un caractère bien trempé, rebelle, parfois violent, qui n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait. On le compare à un cheval pur sang, toujours déterminé à atteindre ses objectifs. Son palmarès sur les courses par étape, particulièrement sur le Tour aurait pu être bien plus fourni si il avait été capable parfois de mettre ce caractère de côté.
Il dénonça très vite (déjà diront certains) les pratiques douteuses en matière de dopage dans son sport. Il sera aussi le premier à utiliser des roues légères, des boyaux fins ou encore des rayonnages diminués. Sur ces deux derniers aspects, le caractère moderne, presque visionnaire du coureur, apparaît clairement.
Il est assurément le cycliste français le moins connu par rapport à son palmarès et quand Henri Desgrange dit de lui qu'il « aura été le plus grand Homme produit par le cyclisme », on peut trouver ça triste...
Aujourd'hui, Henri Pélissier repose au cimetière de Boulogne-Billancourt, au côté de Francis, son frère, décédé en 1959.
- LoveSport
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Re: Histoire du cyclisme
Mer 31 Oct 2018 - 17:23
Très bon article bien écrit sur ce coureur que je connaissais très peu
Avant la guerre c'était un autre monde pour le cyclisme mais déjà le dopage
Continue comme ça Jo tes articles sont vraiment sympas
Avant la guerre c'était un autre monde pour le cyclisme mais déjà le dopage
Continue comme ça Jo tes articles sont vraiment sympas
- NautilusLégende du village
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Re: Histoire du cyclisme
Dim 11 Nov 2018 - 22:46
Je me rends compte que j'ai loupé tes deux derniers articles Joaquim Et ils sont vraiment de bonne facture Exhaustifs, bien écrits et avec du fond, merci de faire vivre de ta plume cette partie
C'est très intéressant d'avoir rappelé le rôle de Bartali durant la seconde guerre mondiale avec le sauvetage de nombreux juifs en Italie ! Peut-être que je reviendrai plus en détail sur ce point de la vie de Bartali, et plus généralement de sa carrière de sportif sous le régime de Mussolini dans ces années, si j'arrive à trouver le temps
C'est très intéressant d'avoir rappelé le rôle de Bartali durant la seconde guerre mondiale avec le sauvetage de nombreux juifs en Italie ! Peut-être que je reviendrai plus en détail sur ce point de la vie de Bartali, et plus généralement de sa carrière de sportif sous le régime de Mussolini dans ces années, si j'arrive à trouver le temps
- iveliosdu12Fondateur du forum
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Re: Histoire du cyclisme
Sam 12 Jan 2019 - 11:13
Nautilus a écrit:Sympas vos articles, ça apporte un plus à cette partie
J'ai également quelques idées d'article, ou quelques réalisations que je pourrais poster par ici (dont notamment ce qui était sensé être ma chronique du podcast du Village ) !
La voilà
- Cheng Ji
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Re: Histoire du cyclisme
Ven 8 Mar 2019 - 14:04
Sean Kelly, l’homme de Paris-Nice
Dimanche s’élance la 77ème édition de Paris-Nice, du 10 au 17 mars. S’il est encore impossible de déterminer qui succédera à Marc Soler, auteur d’un véritable coup de force autour de Nice qui lui avait permis de revêtir le maillot jaune le dernier jour, une chose est sûre. Le recordman de victoires sur la Course au Soleil ne sera pas détrôné. Et il peut même être serein pour les prochaines années. Cet homme, il s’agit de Sean Kelly, Irlandais de 62 ans, qui a épinglé 7 fois Paris-Nice à son palmarès. Impressionnant, surtout quand on sait qu’il l’a fait consécutivement, entre 1982 et 1988. C’est toute une décennie qui a été marquée par l’emprise de ce coureur complet. Cet article est l’occasion de mettre en lumière ses principaux faits d’arme, que les jeunes générations n’ont pas pu connaître.
Ses débuts, effectués sur son île natale, sont prometteurs. Les courses locales ne lui résistent pas et il fait partie des Irlandais qui comptent dans les rangs amateurs, aux côtés de Patrick McQuaid, qui deviendra plus tard le président de l’Union Cycliste Internationale. Alors qu’il commence à se faire un nom, il espère participer aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976. Mais le Comité International Olympique va le priver de cette fête internationale. La raison ? Sean Kelly a pris le départ d’une épreuve sud-africaine, le Rapport Toer, alors qu’un boycott est mis en place en raison de l’apartheid qui sévit là-bas. Ce coup d’arrêt ne va pas pour autant entraver son ascension fulgurante. En 1976, il remporte le Tour de Lombardie Amateurs et attise la convoitise. Un premier contrat professionnel l’attend l’année suivante. Jean de Gribaldy, directeur sportif de l’équipe belge Flandria, fait le déplacement jusqu’en Irlande pour le convaincre. Ses premiers pas se feront comme équipier de Freddy Maertens.
Le phénomène ne tarde pas à confirmer ses aptitudes, notamment en tant que sprinteur. Il lève les bras sur le Tour de Romandie 1977, lors de l’étape d’ouverture. Quelques mois plus tard, pour ses débuts sur le Tour de France, il rafle également un bouquet. Mais il n’est pas encore le coureur capable de remporter des courses par étapes d’une semaine comme il va le devenir. Le déclic semble survenir en 1982. Auteur d’un bon début de saison, Sean Kelly aborde Paris-Nice en confiance, et avec des libertés. En embuscade dès le prologue inaugural remporté par le Néerlandais Bert Oosterbosch, il remporte 4 étapes et profite du contre-la-montre de clôture au Col d’Èze pour déposséder Gilbert Duclos-Lassalle de la tunique de leader. Et d’un, le début d’une longue série !
Un an plus tard, son équipe Sem-France-Loire va dominer la Course au Soleil. Pourtant, tout démarre mal pour l’Irlandais qui chute et concède 48’’ à l’ensemble des favoris. Patiemment, il refait son retard et prend le pouvoir à Mandelieu-la-Napoule. Ses qualités de rouleur et de grimpeur font le reste, avec un nouveau triomphe au Col d’Èze qui devient son terrain de jeu. Épaulé à la perfection par le Suisse Jean-Marie Grezet et le Français René Bittinger, il double la mise sur Paris-Nice, devenant le premier à y parvenir depuis Joop Zoetemelk. L’édition 1984 suit un cours devenu classique, avec un premier succès à Bourbon-Lancy avant d’entériner les écarts sur les hauteurs de Nice. Mais l’année suivante est un peu particulière pour celui qui prend désormais un malin plaisir à enfiler les succès comme des perles partout en Europe. Joël Pelier et Frédéric Vichot, les coéquipiers de Sean Kelly chez Skil-Sem, portent tour à tour le maillot blanc de leader. L’Irlandais reste en embuscade tout au long des 8 jours de course, sans jamais lever les bras. Battu pour une seconde par son compatriote Stephen Roche sur le Col d’Èze, il prend néanmoins le pouvoir le dernier jour. Sans jouer les premiers rôles, l’Irlandais poursuit sa moisson.
Le contraste avec l’édition 1986 est amusant : vainqueur du prologue à Paris, le puncheur mène cette fois la course de bout en bout, avec une insolente facilité, au point de voir ses adversaires se résigner rapidement. Un chiffre illustre bien cela : 4, comme la plus mauvaise place qu’il obtient, à Limeil-Brévannes. Jusqu’à mars 1989 et la prise de pouvoir de Miguel Indurain, Paris-Nice aura été la propriété de Sean Kelly. Porteur du maillot de leader pendant 31 jours, vainqueur de 13 étapes, il a outrageusement dominé l’épreuve avant de tenter sa chance sur Tirreno-Adriatico, la rivale transalpine, avec nettement moins de succès. De ses propres dires, il garde un souvenir particulier de sa première fois, en 1982, alors qu’il s’alignait au départ sans avoir les faveurs des pronostics, mais également de son avant-dernier titre, en 1987, qui aurait bien pu ne jamais arriver. Face à Stephen Roche, qui allait cette année-là réaliser un triplé mémorable Giro d’Italia - Tour de France - Championnat du Monde, il peine à prendre la mesure de son adversaire et ne doit son salut qu’à une crevaison de son rival. Épaulé par Jean-Luc Vandenbroucke, Sean Kelly laisse le leader de l’épreuve mettre pied à terre et creuse un écart qui lui permettra de poursuivre son invraisemblable série. Quand, en plus, la chance lui sourit !
Ses débuts, effectués sur son île natale, sont prometteurs. Les courses locales ne lui résistent pas et il fait partie des Irlandais qui comptent dans les rangs amateurs, aux côtés de Patrick McQuaid, qui deviendra plus tard le président de l’Union Cycliste Internationale. Alors qu’il commence à se faire un nom, il espère participer aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976. Mais le Comité International Olympique va le priver de cette fête internationale. La raison ? Sean Kelly a pris le départ d’une épreuve sud-africaine, le Rapport Toer, alors qu’un boycott est mis en place en raison de l’apartheid qui sévit là-bas. Ce coup d’arrêt ne va pas pour autant entraver son ascension fulgurante. En 1976, il remporte le Tour de Lombardie Amateurs et attise la convoitise. Un premier contrat professionnel l’attend l’année suivante. Jean de Gribaldy, directeur sportif de l’équipe belge Flandria, fait le déplacement jusqu’en Irlande pour le convaincre. Ses premiers pas se feront comme équipier de Freddy Maertens.
La première victoire de Sean Kelly sur le Tour de France
Le phénomène ne tarde pas à confirmer ses aptitudes, notamment en tant que sprinteur. Il lève les bras sur le Tour de Romandie 1977, lors de l’étape d’ouverture. Quelques mois plus tard, pour ses débuts sur le Tour de France, il rafle également un bouquet. Mais il n’est pas encore le coureur capable de remporter des courses par étapes d’une semaine comme il va le devenir. Le déclic semble survenir en 1982. Auteur d’un bon début de saison, Sean Kelly aborde Paris-Nice en confiance, et avec des libertés. En embuscade dès le prologue inaugural remporté par le Néerlandais Bert Oosterbosch, il remporte 4 étapes et profite du contre-la-montre de clôture au Col d’Èze pour déposséder Gilbert Duclos-Lassalle de la tunique de leader. Et d’un, le début d’une longue série !
Sa prise de pouvoir sur Paris-Nice 1982
Un an plus tard, son équipe Sem-France-Loire va dominer la Course au Soleil. Pourtant, tout démarre mal pour l’Irlandais qui chute et concède 48’’ à l’ensemble des favoris. Patiemment, il refait son retard et prend le pouvoir à Mandelieu-la-Napoule. Ses qualités de rouleur et de grimpeur font le reste, avec un nouveau triomphe au Col d’Èze qui devient son terrain de jeu. Épaulé à la perfection par le Suisse Jean-Marie Grezet et le Français René Bittinger, il double la mise sur Paris-Nice, devenant le premier à y parvenir depuis Joop Zoetemelk. L’édition 1984 suit un cours devenu classique, avec un premier succès à Bourbon-Lancy avant d’entériner les écarts sur les hauteurs de Nice. Mais l’année suivante est un peu particulière pour celui qui prend désormais un malin plaisir à enfiler les succès comme des perles partout en Europe. Joël Pelier et Frédéric Vichot, les coéquipiers de Sean Kelly chez Skil-Sem, portent tour à tour le maillot blanc de leader. L’Irlandais reste en embuscade tout au long des 8 jours de course, sans jamais lever les bras. Battu pour une seconde par son compatriote Stephen Roche sur le Col d’Èze, il prend néanmoins le pouvoir le dernier jour. Sans jouer les premiers rôles, l’Irlandais poursuit sa moisson.
Le contraste avec l’édition 1986 est amusant : vainqueur du prologue à Paris, le puncheur mène cette fois la course de bout en bout, avec une insolente facilité, au point de voir ses adversaires se résigner rapidement. Un chiffre illustre bien cela : 4, comme la plus mauvaise place qu’il obtient, à Limeil-Brévannes. Jusqu’à mars 1989 et la prise de pouvoir de Miguel Indurain, Paris-Nice aura été la propriété de Sean Kelly. Porteur du maillot de leader pendant 31 jours, vainqueur de 13 étapes, il a outrageusement dominé l’épreuve avant de tenter sa chance sur Tirreno-Adriatico, la rivale transalpine, avec nettement moins de succès. De ses propres dires, il garde un souvenir particulier de sa première fois, en 1982, alors qu’il s’alignait au départ sans avoir les faveurs des pronostics, mais également de son avant-dernier titre, en 1987, qui aurait bien pu ne jamais arriver. Face à Stephen Roche, qui allait cette année-là réaliser un triplé mémorable Giro d’Italia - Tour de France - Championnat du Monde, il peine à prendre la mesure de son adversaire et ne doit son salut qu’à une crevaison de son rival. Épaulé par Jean-Luc Vandenbroucke, Sean Kelly laisse le leader de l’épreuve mettre pied à terre et creuse un écart qui lui permettra de poursuivre son invraisemblable série. Quand, en plus, la chance lui sourit !
Un entretien réalisé auprès de Sean Kelly par Be Celt
Sean Kelly, c’est Paris-Nice. Mais pas que naturellement… Des 5 Monuments, seul le Tour des Flandres va lui résister, année après année, malgré 3 deuxièmes places en 1984, 186 et 1987. Mais cette exception montre surtout l’emprise de l’Irlandais sur le cyclisme mondial durant cette décennie. Moins à l’aise sur les Grands Tours - il s'imposera toutefois sur la Vuelta 1988, il ajoute à son palmarès impressionnant des étapes sur le Tour de France et d’Espagne et 4 classements par points sur les deux épreuves. L’un de ses regrets est sans doute de n’avoir jamais pu revêtir le maillot arc-en-ciel, contrairement à son compatriote Stephen Roche. En 1989 pourtant, à Chambéry, il semble le plus à même de l’emporter, étant l’un des plus rapides du petit groupe qui se dispute la gagne. Mais l’Américain Greg LeMond et le Russe Dimitri Konyshev lui jouent un mauvais tour… Une médaille de bronze au goût amer. Se retirant des pelotons en 1994, le natif de Waterford laisse derrière lui l’image d’un coureur qui a su opérer une mue spectaculaire, de pur sprinteur à coureur complet, et qui a marqué à jamais l’histoire de son sport.
La réaction de Sean Kelly après sa victoire sur Paris-Roubaix 1986
Le compte-rendu de Paris-Roubaix 1986
Re: Histoire du cyclisme
Mer 13 Mar 2019 - 20:36
Bon avec beaucoup trop de retard, je vais commenter.
Tu m'as fait découvrir un pan du cyclisme que je connaissais mal avec une très belle aisance dans la compréhension et le suivi de l'histoire donc chapeau
Tu m'as fait découvrir un pan du cyclisme que je connaissais mal avec une très belle aisance dans la compréhension et le suivi de l'histoire donc chapeau
- proveloAnimateur Pronos
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Re: Histoire du cyclisme
Jeu 21 Mar 2019 - 15:59
Je viens de lire, c'est top
Cette partie cyclisme est vraiment bien car elle peut faire découvrir aux plus jeunes et pas que, des moments du cyclisme moins connus.
C'est vraiment super bien écrit
Par contre grosse différence avec aujourd'hui c'est que maintenant, il n'y a plus beaucoup de grosses évolutions au niveau des spécialité : il y en a toujours mais moins, et moins flagrantes. C'est pour cela que je préfère le cyclisme d'aujourd'hui, plus spécialisé.
Cette partie cyclisme est vraiment bien car elle peut faire découvrir aux plus jeunes et pas que, des moments du cyclisme moins connus.
C'est vraiment super bien écrit
Par contre grosse différence avec aujourd'hui c'est que maintenant, il n'y a plus beaucoup de grosses évolutions au niveau des spécialité : il y en a toujours mais moins, et moins flagrantes. C'est pour cela que je préfère le cyclisme d'aujourd'hui, plus spécialisé.
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