[*******] [DBFantasy] Milano San Remo 2014

Le Village Sports a écrit:
PH: Je pense qu'on a vraiment eu la chance de bien s'entendre et de rester complémentaires. Curieusement y avait jamais vraiment d'intentions de piéger les autres. Je craignais vraiment Mendes mais il a du voir qu'entre français on communiquait. Ça nous a permis de garder le peloton à distance. Ça fait plaisir qu'on résiste parce que j'ai rarement roulé aussi fort dans une échappée, on était vraiment déterminé. Je m'étais lis dans l'idée que fallait oublier toutes les stats. Il n'y avait plus que "Mon paquet devant le peloton". Dans les cols j'ai décidé qu'il fallait que je m'impose. On en avait discuté avec Marco Pinotti ce matin, c'était prévu que j'attaque, l'objectif était de faire parler les jambes dans la montagnes. Il m'a beaucoup parlé de la manière de courir que j'aurais dans l'échappée.
LVS: Une manière de courir qui vient comme une réponse aux critiques à votre encontre. Cette fois vous avez attaqué et vous avez finit sur le podium pour chaque remise de prix!
PH: Vous savez... j'ai envie de reprendre ces mots de Cadel Evans après sa victoire à Mendrisio: "J'ai accepté les critiques, on m'a souvent traité de loser. Ça m'a rendu parfois rendu très triste car celui qui est deuxième fait le même travail que le vainqueur. Mais ça ne m'a jamais déstabilisé. J'ai continué à faire mon job avec la même volonté pour être récompensé un jour. Aujourd'hui j'apporte la réponse." Pour moi tout est dit. Cadel a inspiré ma jeunesse, ma vie de sportif. Je suis pas ici pour dire "Moi je suis un futur crack je vous faire une course de beau gosse!!". C'est mal me connaître. Je vis ma passion, je fais comme je ressens la course, ça a pu ne pas suffisamment réussir au Giro, mais ce soir je débouche le champagne!
LVS: Pour en revenir à votre course. Comment ça s'est passé pour vous dans les derniers kilomètres?
PH: Pour moi l'étape était déjà une réussite, je m'étais surpris dans les cols. J'avais pas en tête la réelle dimension de ce qui se passait. Puis j'ai vu un gamin d'une quinzaine d'années me suivre et me porter pendant 200m dans une ascension. J'ai compris qu'on était en train de faire un beau coup. Du coup, ça m'a poussé à y croire. On pouvait pas échouer! J'avais le maillot à pois, et dans le pire des cas on se battait comme des lions et on échouait avec les honneurs. J'ai dit à Seb [Weber] "On met le paquet! Ça paraît ouf mais ça va passer je le sens". Il avait les jambes alors on a embrayé, je pensais qu'au moment ou je devrais attaquer et j'ai du géré mon effort avec les consignes dans l'oreillette. Et puis ça a à commencé à prendre forme... Je me suis dit "T'es sur le Dauphiné, putain tu fais ce métier pour quoi? On est en France, les caméras sont là! Tu dois tout faire pour la gagner! Ça peut le faire!". Et puis j'ai roulé... j'ai vu que Mendes avait du mal à tenir ses épaules donc j'ai compris qu'il fallait juste piéger Weber.
LVS: Et puis tout s'est joué dans le sprint?
PH: On savait que le peloton revenait. J'ai eu des débuts de crampes dans les mollets à 3km alors j'ai roulé autrement. Je savais que je tiendrais pas si on jouait ça sur un 200m lancé, je suis grimpeur pas pistard. L'écart diminuait toujours et on a commencé à douter, et puis on souffrait, mais finalement la ligne d'arrivée approchait! J'ai vu la flamme rouge, Marco était en train de me dire d'être attentif pour sauter des roues dans les 400 derniers mètres. Il gueulait que ça allait se jouer à rien et l'en m'encourageait! Et puis c'était trop j'allais craquer! Je me suis "T'as souffert pour arriver là, tu dois le refaire!" J'ai serré les dents et y a eu un tout léger moment ou Mendes a fait flotter pour changer de vitesse, et j'ai foncé... Je savais pas du tout ce que je faisais putain! *rires*J'ai senti que c'était pas le braquet idéal et Marco a commencé à gueuler, il le demandait ce que je foutais! J'ai hésité et puis j'ai continué. Marco m'a transcendé et nous a dit que le peloton était out. Weber était juste là, je souffrais vraiment alors j'ai décidé de le mettre dans le rouge. Ça a finir par marcher... j'y suis allé en puissance, et il a commencé à lâcher prise. Je regardais plus la route, je hurlais intérieurement pour calmer la douleur des cuisses. À 200m je me suis dit "Merde il a craqué!!" Je lâche tout et je hurle de joie... j'ai rien compris de ce qui m'arrivait...