[Récit de l'année 2013] [*****] Rabobank Cycling Team 2014 3/3

Cette année, les conditions sont printanières, de quoi donner des idées à beaucoup. Cela devient une habitude, il faut attendre 50 kms pour voir le peloton se calmer et une échappée de 7 prendre enfin le large. On retrouve donc à l’avant Riblon, Roth, Vanthourenhout, R.Kreder, Laengen, Eijssen et D.Krivtsov. Les équipes des favoris les laissent évidemment filer jusqu’au pied du Taaienberg, premier mont de ce 98ème Tour des Flandres. Il faut d’ores et déjà bien se placer pour s’éviter des efforts inutiles qu’on pourrait payer en fin de course. Terpstra, lui, est plus ambitieux. Il porte déjà la première attaque ! Le grand néerlandais rejoint les courageux du matin à 110 kms du but. Le peloton a lui légèrement accéléré et pointe à 5’45’’. Les FDJ, RadioShack, Sky et Rabobank se partagent pour l’instant les relais. Devant Terpstra fait évidemment presque tout le travail mais perd du terrain : plus que 4’10’’ alors qu’on approche du Vieux Quaremont et donc de l’enchainement des difficultés qui vont émailler le final.


Sur les pavés du plus long mont de ce Tour des Flandres, Bennati mène le rythme, et l’italien fait de suite de gros dégâts. Pour preuve, à la sortie du Vieux Quaremont, le groupe de tête n’est plus composé que de 14 coureurs, qui sont d’ailleurs à peu près les mêmes que lors de Gent-Wevelgem avec Offredo, Cancellara, Breschel et Boom. Mais ces coureurs n’ont même pas le temps de s’organiser que déjà une cinquantaine de poursuivants reviennent dans le Paterberg. Se dresse alors le mythique Koppenberg et ses passages à plus de 20%. Certains dans les premières positions ne sont pas assez puissants et doivent mettre pied à terre, ce qui provoque de grosses cassures dans le peloton ! Dans le groupe de tête qui a pu passer sans encombre, on retrouve notamment Breschel, Cancellara, Boom, Offredo, Haussler, Vanmarcke, Ballan, Pozzato, Van Avermaet, le surprenant Cavendish et l’ancien de la maison Rabobank désormais chez Team Type 1, Maarten Wynants. 50 secondes plus loin, un groupe de 13 rassemble Nuyens et Devenyns pour Saxo, Chavanel et Turgot pour Omega, Gilbert, Boonen et Gallopin, qui rattrapent vite les roues du groupe de tête. En revanche, il sera très dur pour Sagan, Devolder et Langeveld de revenir, eux qui sont déjà pointés à 3 minutes ! L’allure est cependant sacadée dans tous les groupes car beaucoup hésitent à faire des efforts, on est encore loin de l’arrivée. Mais profitant de ces moments de flottement, Terpstra creuse l’écart et compte désormais 7 minutes de marge à 55 kms de Oudenaarde ! Il faut vite réagir pour les formations des leaders, ce qui est fait notamment par les FDJ et les BMC. Gilbert fait ainsi très mal aux jambes dans le Kruisberg, qui précède la deuxième montée du Vieux Quaremont. En quelques kms, l’homme de tête a perdu 2 minutes. Leukemans, lui, a décidé de tenter l’aventure en solo.


Alors que Leukemans se mange un mur dans le Vieux Quaremont, les favoris commencent à douter, ils s’épient les uns les autres. Cependant, Breschel ne veut pas que l’écart remonte avec Terpstra. Il fait donc le forcing. Le seul à le suivre est Wynants, mais seulement sur quelques mètres. Le danois commence à creuser quand les autres se rendent enfin compte du danger. Vanmarcke, Nuyens, Van Avermaet et Boonen se doivent de réagir devant leurs supporters. Breschel est donc repris dans la descente tandis que les plus faibles craquent. Parmi eux, on retrouve Chavanel, Leukemans, Hushovd et Maaskant. Dans le Paterberg, c’est au tour de Cancellara de prendre le rythme en main. Le suisse est impressionnant, il aligne tout le monde et fait même exploser Gallopin, Boonen, Nuyens, Haussler et Boom, mal placé au pied de la bosse mais qui se dépouille pour revenir. Il y parvient seulement en haut du Kruisberg mais a laissé beaucoup de forces dans la bataille car le rythme imposé par Gilbert, Cancellara et Offredo est très rapide. Le groupe reprend même Terpstra dans la descente, avant de le larguer dès le replat suivant. À 25 kms de l’arrivée, la victoire devrait donc se jouer entre Offredo, Cancellara, Breschel, Boom, Van Avermaet, Gilbert, Vanmarcke, Ballan, Pozzato et Wynants, qui s’accroche toujours. Leurs poursuivants, eux, sont en train de s’enterrer.

On approche désormais de l’explication finale. Chacun cherche à récupérer, les relais tournent moins bien car beaucoup se cachent dans les roues. Le premier à prendre ses responsabilités est Breschel. Il demande à Boom d’accélérer dès le pied du Vieux Quaremont, puis prend le relais à 1,2 kms du sommet, là même où il s’était dévoilé au tour précédent. Cependant, Cancellara ne se laisse pas faire, remonte son dauphin de l’édition précédente et essaye de le contrer dans les 500 derniers mètres. On serre les dents dans la roue du suisse. Wynants, Boom et Pozzato sont même distancés mais parviennent à rentrer dans la descente car le rythme se calme de nouveau sur l’asphalte. Personne n’essaye d’anticiper le Paterberg, même pas les BMC qui sont pourtant encore 3 dans ce groupe. Dans ce dernier mont, les 3 favoris, Breschel, Offredo et Cancellara, tentent tour à tour de faire craquer leurs adversaires, mais le trio arrive finalement au sommet sur la même ligne. La bataille est haletante, personne ne veut lâcher le moindre mètre.


Offredo insiste pourtant, il essaye de surprendre ses adversaires en prenant tous les risques dans la descente. Si Cancellara, Van Avermaet, Ballan et Breschel, bien placés, ne se font pas avoir, le reste du groupe peut dire adieu à la victoire. Ils ne sont donc plus que 5 dans ce final très tactique, où on hésite à relayer un Spartacus qui fait forte impression. À 8 kms, Offredo place ue nouvelle banderille qui fait craquer Ballan, mais le reste du groupe recolle et se remet dans la roue de Cancellara, comme chaque fois le premier à rentrer. Arrivés dans les 3 derniers kms, le rythme ralentit de nouveau en vue du sprint, ce qui permet à Ballan de revenir tout près du quatuor. Mais Cancellara ne veut pas d’un nouvel adversaire et se lance à 2200 mètres de la ligne. Offredo, Breschel et Van Avermaet sont calés dans sa roue. À 500 mètres de la flamme rouge, le français se décale. Il déborde lentement mais sûrement Cancellara, mais Breschel et Van Avermaet sont toujours dans sa roue et produisent leur effort sous la flamme rouge. Et le plus costaud est le belge, qui a su se montrer discret mais était bien le plus frais dans ce final ! On peut lire toute la déception sur le visage de Breschel : il visait la victoire mais se contente de la seconde place, comme l’an passé. Et comme sur le premier monument de l’année, son autre gros objectif de l’année pour lui.

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