[Récit de l'année 2013] [*****] Rabobank Cycling Team 2014 3/3

Une bonne partie des grands leaders ont donc d’ores et déjà repris la compétition. Pour Chris Froome, c’est au Portugal qu’il est venu accumuler les kms, à l’occasion du Tour d’Algarve. Le britannique n’a cependant pas été à son avantage sur ces routes favorisant les puncheurs. Depuis trois saisons, le meilleur d’entre eux est Gilbert. C’est donc logiquement que le leader des BMC a dominé la concurrence pour remporter le général devant Roux, auteur d’un très bon chrono final, et Van Avermaet.

Valverde lui, avait déjà repris depuis janvier. Le murcian a poursuivi sa préparation dans le Haut-Var et semble déjà très à l’aise. Il a en effet remporté sans contestation les deux étapes proposées, rejetant Vanendert à près d’une minute au général. Dans le même temps, et malgré l’absence de leur leader, le Tour d’Andalousie a été le théâtre d’une domination des Movistar. Déjà sur le podium du contre-la-montre inaugural, Kiryienka et Costa ont ensuite signé le doublé dans cet ordre sur les deux étapes reines, et par conséquent au général. La 3ème leur a certes échappé à cause d’un groupe d’échappés, mais en contrepartie la formation ibérique place ce jour-là 5 coureurs dans les 12 premiers de l’étape. Movistar s’est vraiment illustré partout puisque même Rojas est monté sur le podium de la dernière étape, seulement devancé au sprint par Matthews. Grâce à ces succès, Movistar est donc la première équipe à atteindre la barre des 10 victoires cette saison.

Le samedi suivant, les flandriens avaient rendez-vous avec les pavés à l’occasion de l’Omloop Het Nieuwsblad. Hormis Cancellara, les principaux leaders étaient bien présents mais la course mit du temps à s’animer. La sélection s’est faite par l’arrière jusqu’à la sortie du dernier secteur pavé, à 18 kms de Gent. Là, Offredo, Breschel, Haussler, le tenant du titre Van Avermaet, et Vanmarcke, sont passés à l’offensive. Le dernier cité partit même en solitaire pour les 15 dernières bornes, mais ses 4 adversaires étaient bien organisés et revinrent à moins de 10 secondes 8 kms plus loin, avant de s’observer. Sentant une vingtaine de coureurs se rapprocher, Breschel attaqua et fit la jonction avec Vanmarcke sous l’arche des 3 kms. Cependant, Offredo, Van Avermaet et Haussler s’étaient bien repris et raccrochèrent les roues au même moment pour un sprint à 5. Mais Breschel était le plus frais dans le final pour s’imposer devant un Gilbert revenu de nulle part, et Offredo. On avait évoqué le recrutement des BMC à l’intersaison : cela se confirme dès la première course puisque Gilbert, Ballan, Hushovd et Vanmarcke prennent place dans le top 10.

Le lendemain, le parcours était bien plus facile sur Kuurne-Brussel-Kuurne, mais les conditions climatiques cette fois exécrables ont donné des idées aux Rabobank, auteurs d’un coup de force à 80 kms du but. Pourtant Ballan, Vansummeren, Ladagnous et Pozzato leur ont causé des sueurs froides en partant dans le final et en résistant jusqu’à 3 kms de la ligne. Mais malgré tout, c’est bien un sprint à 30 qui a décidé du vainqueur. Après le boulot de son équipe, Breschel était trop confiant et se fit déborder dans les 500 derniers mètres par quelques sprinters encore présents. Haussler remporte donc cette classique au nez et à la barbe d’un Cavendish qui s’était bien accroché.

Enfin, d’autres classiques permettaient de se préparer pour Paris-Nice et Tirreno. Sur la Classica d’Almeria, tout destinait à une arrivée massive. Et ce fut bien un sprinter, qui leva les bras, mais en partant en solitaire à 8 kms du but. Bennati concrétisait par un beau numéro les nombreuses tentatives de la FDJ, seule animatrice du final, en résistant au sprint du peloton remporté par Matthews devant Degenkolb. La lutte fut bien plus acharnée à l’occasion du GP de Lugano, où de nombreuses offensives ont fait exploser le peloton. Damiano Caruso fut le dernier à résister, mais ce jour-là personne ne pouvait empêcher Wegmann de remporter la première victoire de sa saison.

Le 1er mars passé, plusieurs courses permettent de peaufiner les réglages. Les flandriens ont rendez-vous sur les Trois jours de la Flandre Occidentale. À cette occasion, le nouveau pensionnaire d’Omega-Pharma, Turgot, remporte les deux étapes pavées et du même coup le général. Il rappelle ainsi à Patrick Lefévère pourquoi il a été engagé, lui qui avait été vexé d’être écarté de l’Omloop Het Nieuwsblad et Kuurne-Brussels-Kuurne. Les classicmen, eux, avaient rendez-vous en Italie pour la si particulière Strade Bianche. Les routes caillassées ont été moins sélectives que l’an passé et n’a pas vraiment permis de tentative crédible. Les Movistar, Rabobank et Argos ont été bien présents tout au long de la journée, mais c’est Ignatiev qui tire son épingle du jeu en réglant un groupe d’une vingtaine de coureurs. Le russe devance Kiryienka, Ponzi et Intxausti. Le basque avait légèrement anticipé mais a coincé dans le raidillon final. Enfin, le Tour de Murcie a mis en lumière deux coureurs en forme du moment, David Arroyo et Amets Txurruka. Si le basque repart avec une étape, c’est bien Arroyo qui empoche le général.

Enfin, intéressons-nous au classement continental. Grâce aux bonnes performances de Duarte, Morabito et Suarez, Colombia est bien mieux partie que l’an dernier et occupe la tête. Ils ont déjà marqué plus de points qu’en 2013 et sont normalement déjà assurés d’une remontée en 2ème division ! Le classement est d’ailleurs pour le moment défavorable aux plus grosses formations sur le papier, puisque Team Type 1, Endura et Bretagne-Schuller sont aussi dans le top 5.

Voilà deux ans que Paris-Nice tombe dans l’escarcelle des Rabobank. En 2012, Sánchez avait profité d’un coup de bordure pour piéger les principaux grimpeurs. Il avait ensuite résisté au retour de Purito lors du chrono final. En 2013 en revanche, il n’était qu’équipier pour Wouter Poels. Le jeune néerlandais avait fait le forcing avec Vanendert sur les pentes de la Montagne de Lure et avait remporté de justesse l’étape et le général. Le Tour d’Oman en poche, Poels est bien présent pour défendre son titre même si, de son propre aveu, le parcours lui convient moins qu’en 2013. En effet, la haute montagne sera absente des débats et les puncheurs pourront aussi s’illustrer. On pense notamment à Gilbert et Sagan, qui ont pour une fois délaissé Tirreno. Van Avermaet, Albasini et Anton peuvent également tirer leur épingle du jeu. Les grimpeurs sont donc moins présents, mais Contador, Basso, Kreuziger et Van den Broeck ont tout de même fait le déplacement. Enfin, Coppel et Taaramae retrouvent les joies d’une course WT pour la première fois depuis leur Vuelta exceptionnelle. Il sera intéressant de voir leur attitude cette semaine.

Si le plateau de grimpeurs est plus relevé en Italie, la Course au soleil regroupe en revanche les meilleurs rouleurs. Les médaillés des derniers championnats du monde, Martin, Cancellara et Boasson Hagen sont bien décidés à s’illustrer d’entrée mais devront se méfier de Thomas, vainqueur inaugural à Houilles l’an passé, Posthuma ou encore Chavanel.

Le jeune Johan Le Bon, pour Bretagne-Schuller, inaugure ce parcours de Monfort-L’Amaury et signe le chrono de référence. Après 7 passages, ils sont déjà 4 dans la même seconde ! Mais les premiers favoris ne tardent pas à partir et le double champion des Pays-Bas Lieuwe Westra fait exploser tout ça en leur collant 18 secondes. Puis Geraint Thomas se remémore des bons souvenirs en rejetant Westra à 21 secondes ! Parti dans la foulée du gallois, Poels a bien du mal à soutenir la comparaison. Le vainqueur du Tour d’Oman signe le 8ème temps à 33 secondes de Thomas. Il faut attendre le passage des autres favoris pour connaitre la valeur de cette marque. Sergio Henao est le second à franchir la ligne, 7 secondes derrière le néerlandais. Ignatiev, vainqueur des Strade Bianche la veille, ne parait pas émoussé par son voyage et s’empare de la seconde place à 6 secondes de Thomas. C’est le seul fait marquant de la quarantaine d’arrivées qui se succèdent car les performances sont plus disparates après une première vague chargée.

Lemoine et Maaskant prennent également place dans le top 5 provisoire mais à distance respectable du leader. En revanche, Posthuma cause des sueurs froides à Thomas en s’approchant à une petite seconde de son temps ! Un peu plus tard, Tony Martin s’élance. Mais le champion du monde n’est pas dans le coup et échoue à 16 secondes de Thomas, une terrible désillusion pour lui. Navardauskas le sort même du top 5 dans la foulée. Kwiatkowski est lui dans le bon tempo en terminant 4ème à 11 secondes de Thomas. Le jeune polonais progresse lentement mais sûrement.

La moitié des coureurs se sont désormais élancés, dont Boasson Hagen. Le champion norvégien termine mieux le parcours qu’il ne l’a commencé mais échoué au pied du podium. Grivko, déjà vainqueur du chrono du Tour d’Andalousie, ne réédite pas cette performance malgré un parcours honorable achevé dans les 10. En vue du général, Cataldo termine 3 secondes derrière Poels. L’italien pouvait espérer mieux. Brajkovic est dans le même cas de figure : le rouleur slovène ne devance même pas son adversaire néerlandais.

Les prétendants au général sont maintenant dans les starts. Si Riblon échoue loin des meilleurs, Chavanel prend position à 8 secondes de Thomas. Taaramae, comme Basso et Anton, débutent mal ce Paris-Nice en concédant plus de 40 secondes sur la marque de référence. Coppel fait à peine mieux mais lui aussi est battu de justesse par Poels, qui a finalement réalisé un chrono correct. Il ne perd par exemple que 11 secondes sur Kreuziger, pourtant habitué des bonnes performances sur les prologues. Van Avermaet termine lui à une trentaine de seconde mais ses objectifs sont plus lointains. Breschel est dans le même cas de figure.

En revanche, Contador devait gagner du temps d’entrée. Il le fait bien en accrochant la 12ème place, 19 secondes derrière Thomas. Van den Broeck est plus loin. Il aura 10 secondes à reprendre au Pistolero, rien d’insurmontable. Sagan, lui, vise le maillot de leader. Peut-être pas dès aujourd’hui, mais il veut bien se placer en vue des bonifications des prochains jours. Sur la ligne, c’est le 10ème temps qui s’affiche à 14 secondes. La mission est bien remplie pour le slovaque. Ils ne sont désormais plus que deux à pouvoir inquiéter Thomas, étant passés à moins de 3 secondes à l’intermédiaire. Cancellara donne tout mais ne peut inverser la tendance. Il se contente du podium derrière son équipier Posthuma. Dernier à s’élancer, Gilbert surprend en bouclant son parcours seulement 5 secondes plus lentement que Thomas. Le belge frappe déjà un premier coup en vue d’un général qui devrait se jouer à coup de secondes. Comme l’an dernier, Thomas a donc résisté plus de 160 passages pour porter le premier maillot jaune de ce Paris-Nice !

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