World Tour 2019 : Présentation des équipes

Cinquième équipe au classement World Tour, Jumbo-Visma a réalisé une belle année 2018, portée majoritairement par trois hommes, Edvald Boasson Hagen, Bauke Mollema et Michael Albasini. Néanmoins, de ces noms qui étaient les leaders incontestables, seul le Néerlandais fait encore figure de tête d'affiche. Le Norvégien a pris la direction de Sberbank où il aura la lourde responsabilité de succéder à Peter Sagan dans les emballages massifs et sur les pavés. Et le Suisse se ressent de ses 38 ans, même s'il a encore de beaux restes et pourrait bien s'illustrer en Continental Pro. Pour renouveler tout cela, il fallait attirer des coureurs expérimentés, mais aussi de jeunes pousses pour préparer l'avenir. Et globalement, le manager Vino1 a plutôt bien réussi son coup. Exit les Flandriennes, même si Jens Debusschere essaiera de faire de son mieux sur ce terrain, et bienvenue à Elia Viviani et aux emballages massifs. Las de n'avoir pu lever les bras qu'à 9 reprises durant les 12 derniers mois, Jumbo-Visma mise gros sur l'un des meilleurs sprinteurs du monde.

Autre arrivée marquante, celle de Wilco Kelderman. Très en retrait chez Deceuninck, il jouira de bien plus de libertés pour son retour à domicile. Naturellement, il partagera le leadership en haute montagne avec Bauke Mollema son compatriote. Mais il ne devra pas s'effacer devant une kyrielle de leaders comme c'était le cas en Belgique. Coureur complet et dans ses meilleures années, il aura pour terrain d'expression les courses par étapes d'une et trois semaines, là où Bauke Mollema pourra en plus jouer sa carte sur les classiques vallonnées, avec Roman Kreuziger comme acolyte.

Globalement, l'effectif est très équilibré, malgré quelques petites carences. Et, plus globalement, c'est la densité de l'effectif, des leaders aux équipiers, qui impressionne. Entre expérience et jeunesse, ils sont nombreux à pouvoir s'illustrer en échappée ou sur le circuit Continental Pro. De Jens Debusschere à Ramon Sinkeldam en passant par Jan Tratnik, Jos Van Emden, Robert Gesink, Toms Skujins, Mathias Frank, la liste est longue et impressionnante. Sans oublier les jeunes Danny van Poppel et Kasper Asgreen qui ont déjà tout ou presque pour lutter face aux meilleurs, au sprint pour l'un, sur les pavés pour l'autre. Comme chaque saison, Jumbo-Visma n'a pas un nom qui ressort réellement, mais c'est cette diversité des profils qui devrait permettre d'intégrer le Top 5 mondial encore une fois.

Un peu à la manière de Rafal Majka chez CCC Team, Bauke Mollema est le représentant idéal du cyclisme néerlandais pour le sponsor-titre Jumbo-Visma. A 32 ans, il a déjà roulé sa bosse sur le circuit World Tour et se montre très régulier, saison après saison. Ses qualités de grimpeur et de puncheur ne sont plus à présenter, faisant de lui un vrai couteau-suisse sur les classiques accidentées et les courses par étapes. En 2018, son Tour d'Espagne avait été un échec. Il devrait sans doute retenter l'aventure sur trois semaines cette année encore, mais ce sont bien les épreuves plus courtes qui semblent lui correspondre à merveille. Plutôt bon rouleur, il ne devrait pas avoir à débourser trop de temps sur les meilleurs spécialistes et, dans une forme optimale, il pourrait bien créer la surprise. En tout cas, à n'en pas douter, il contribuera largement à la bonne tenue de l'équipe en 2019, comme à son habitude !

En fin d'année, la frustration était grande dans les rangs néerlandais. Certes, Edvald Boasson Hagen a fait de son mieux et apporté un pactole de points non négligeable. Mais, loin d'être un cador du sprint, il n'a pu s'imposer qu'à une seule reprise, en clôture du Tour de France. Pour Danny van Poppel, idem. Pour remédier à ce manque de victoires flagrant, le manager Vino1 a appliqué le proverbe disant que l'on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Pour enquiller les succès, il faut un grimpeur hors pair ou un sprinteur d'exception. Et l'Italien Elia Viviani en est un, assurément. Certes, il a lui aussi souffert du côté de Benetton en 2018, mais il n'y a aucune raison pour qu'il en soit de même avec la formation néerlandaise. Avec de solides rouleurs pour étirer le peloton dans les derniers kilomètres et un ou deux poisson-pilotes à sa disposition, à n'en pas douter, le Vénitien devrait lever les bras à de multiples reprises, pour le plus grand bonheur de son manager.

En premier lieu, que penses-tu des différents mouvements qui ont eu lieu au sein de ton équipe durant la période des transferts ? Es-tu satisfait de ton nouvel effectif ? As-tu des regrets particuliers ?

Tout d'abord, je suis ravi de pouvoir compter sur un coureur capable d'enchaîner les victoires. Après plein de succès les années précédentes via un sprinteur de renom, cette saison fut bien pauvre à ce niveau-là. J'espère qu'Elia Viviani sera à la hauteur de nos espérances. Je suis également ravi d'avoir retrouvé quelques Néerlandais supplémentaires pour conserver l'identité de l'équipe. On a notamment réussi à recruter un leader néerlandais qui nous avait quitté il y a plusieurs années déjà. Wilco Kelderman sera l'un de nos hommes forts cette saison. Côté regrets, peut-être les échecs concernant le transfert d'Antwan Tolhoek, Amund Grøndahl Jansen et Mike Teunissen qui faisaient partie de nos cibles

Quels sont les objectifs pour la prochaine saison ? En termes de victoires, de points marqués, de succès de prestige, de classement final...

On garde la même philosophie, marquer des points sur tous les terrains bien que ça sera dur sur les pavés en World Tour. J'espère d'excellents résultats sur Milan - San Remo, les classiques continentales et les sprints. On vise entre 15 et 20 victoires.

Selon toi, quelles sont les équipes qui sont désormais les mieux armées dans la lutte pour la première place en World Tour et pour l'accession à la première division et pourquoi ?

Pour le titre, cela me parait fort compliqué à juger cette saison, je vais dire Sky. Katusha et Trek peuvent viser la montée de leur côté, mais cela va être très disputé également !

A l'inverse, quelles formations vont, selon toi, avoir des difficultés à se maintenir à l'échelon World Tour et pourquoi ?

Disons Montblanc et Michelton mais ça va être une belle bagarre !

Après plusieurs années de bons et loyaux services, le sponsor américain BMC Racing Team s'est retiré des pelotons. C'est une page qui se tourne pour le manager Pierre80500, qui aura connu de nombreuses joies sous cette ère, notamment une première place au classement World Tour en 2014 et de nombreuses victoires avec ses deux têtes d'affiche belges Greg Van Avermaet et Philippe Gilbert. Dorénavant, c'est l'entreprise suédoise Spotify qui reprend le flambeau, avec un effectif jeune et scandinave à son image. De la redoutable doublette de coureurs de classiques, il ne reste plus que le premier nommé. Le natif de Verviers a pris la direction d'AG2R pour un nouveau challenge. Son départ est compensé par la signature du Danois Michael Valgren, à la fois à l'aise sur les pavés et sur des profils accidentés pour puncheurs. Son compatriote Magnus Cort sera également de l'aventure, après une saison médiocre au sein de Movistar. Tels sont les principaux leaders qui devront empocher un maximum de points pour assurer le plus rapidement possible le maintien dans l'élite.

Car cette question ne peut en effet être éludée quand on se penche sur les objectifs et les attentes autour de ce nouveau projet, pour ce qui s'apparente à une année transitoire. Sur le papier, le collectif est solide, avec également les jeunes Mads Pedersen et Antwan Tolhoek ou encore deux grimpeurs expérimentés, Simon Spilak et Winner Anacona. Ceux-ci pourraient d'ailleurs s'exprimer pleinement sur les courses Continental Pro, où la concurrence sera moins féroce. Car, c'est un fait, Spotify ne dispose pas d'un coureur de Grand Tour de classe mondial pour briller sur une et trois semaines. Le Slovène fera son possible, mais il risque de souffrir la comparaison avec les habituels Chris Froome, Vincenzo Nibali ou encore Tom Dumoulin. C'est un peu la même problématique pour les emballages massifs d'ailleurs. Magnus Cort est assez véloce, mais sans doute pas au point de battre les meilleurs à la régulière. Mais sa polyvalence pourrait être précieuse.

Derrière ces noms, on retrouve notamment de jeunes équipiers, avec un potentiel certain, dont quelques néo-pros qui voudront s'aguerrir au contact de leurs aînés en 2019. Le Finlandais Jaakko Hänninen et les Danois Mikkel Bjerg et Niklas Eg incarnent l'avenir de Spotify. Mais, en attendant, il faudra surtout s'appuyer sur la valeur sûre Greg Van Avermaet pour faire le plein de points et empocher quelques victoires de prestige. Si le Tour des Flandres ou Paris - Roubaix venait à tomber dans l'escarcelle de la formation de Pierre80500, à n'en pas douter, ce serait une vraie bouffée d'oxygène !

Greg Van Avermaet n'est plus à présenter. A 33 ans, le Belge est ni plus ni moins que l'un des meilleurs spécialistes des classiques flandriennes depuis de longues années déjà. Son expérience fait des merveille et lui permet d'éviter les pièges des secteurs pavés. Dur au mal, il faut compter sur lui de février à avril pour se glisser dans le Top 10 de chaque course d'un jour ou presque. Du week-end d'ouverture avec l'Omloop Het Nieuwsblad au mythe Paris - Roubaix, il passe rarement au travers. Si l'on ajoute à cela une faculté à passer les petites côtes avec les meilleurs puncheurs, il possède un profil intéressant pour briller en Italie courant mars également, sur les Strade Bianche et Milan - San Remo. Dans l'intérêt de Spotify, il serait de bon ton que Greg Van Avermaet effectue une grande saison. D'autant qu'il a à sa disposition de très solides équipiers, du nom de Michael Valgren, Magnus Cort ou encore Mads Pedersen.

Lotto Soudal a tranché. Avec déjà Dylan Teuns et Jakob Fuglsang comme principaux puncheurs et Tiesj Benoot pour briller sur les pavés, le profil de Michael Valgren était sans doute de trop. C'est en tout cas ce qu'a pensé Thecubs, son ancien manager, puisqu'il lui a octroyé un bon de sortie. Attiré par le projet d'Europe du Nord, le Danois aura pour mentor Greg Van Avermaet sur les Flandriennes. Mais il sera libre de ses mouvements et jouera sa carte personnelle sur les Ardennaises, à la fin du mois d'avril. Très bon puncheur, il est parfois un peu irrégulier, ce qui est compréhensible vu son jeune âge. Son manager pourrait également être tenté de l'aligner sur des courses d'une semaine correspondant à ses qualités, du Tour Down Under au Tour du Pays Basque en passant par la Chine par exemple. Après une saison en demi-teinte, il essaiera de débloquer rapidement son compteur de victoires afin de prendre confiance et de gagner celle de ses coéquipiers.

En premier lieu, que penses-tu des différents mouvements qui ont eu lieu au sein de ton équipe durant la période des transferts ? Es-tu satisfait de ton nouvel effectif ? As-tu des regrets particuliers ?

Je suis toujours un peu perfectionniste donc j'ai certains regrets sur des mouvements que l'on n'a pas eu, mais si je fais le point par rapport au début du mercato, un constat est simple : on a dégraissé très fortement l'effectif. D'autant que les responsabilités sont beaucoup plus sur les épaules de coureurs d'Europe du Nord. Rajeunir drastiquement l'équipe, même si nous avons peu de très jeunes coureurs, était plus que compliqué et nous l'avons fait, tout en allant chercher des cracks du cyclisme scandinave tels que Valgren, Cort Nielsen, Eg, voir Hänninen ou encore Hansen, Honoré et Pöstlberger. Au passage, grosse fierté de récupérer le seul coureur finlandais du peloton, qui plus est lorsque c'est un espoir prometteur.

Parmi nos regrets, évidemment nous avions 2 cibles prioritaires, qui étaient Fuglsang et Asgreen, mais dont il était hors de question qu'ils quittent leurs coéquipiers pour leurs dirigeants. Et comme ce n'était pas une question de valeurs des offres, nous ne pouvions strictement rien faire, et le projet va devoir être un peu patient avant de voir les 2 stars de Scandinavie rejoindre - je l'espère - le projet dont ils ont dû toujours rêver.

J'ai un autre regret, qui est de ne pas avoir pu recruter un vrai crack en montagne. Les discussions de couloir l'ont révélé, nous sommes passés à un poil de fourmi d'en recruter un énorme. Le manager aurait déclaré "Je sais que je fais une erreur mais peur de le regretter dans 2 ans". Tant pis, nous ferons avec !

Quels sont les objectifs pour la prochaine saison ? En termes de victoires, de points marqués, de succès de prestige, de classement final...

Contrairement à l'an dernier, notre première année de transition, nous aurons des objectifs plus précis. Pourtant, au vu du mercato c'est plutôt cette année la vraie transition. Nous savons d'ores et déjà que nous risquons fortement de chuter au classement World Tour, mais pas de panique, c'est reculer pour mieux avancer. C'est justement le mot prestige qui nous importe dans les résultats. Evidemment, on va essayer d'aller chercher des points partout où on sera, mais j'ai envie de dire "comme tout le monde". L'objectif, avant tout, ce sont les classiques, là où nous avons le mieux performé la saison dernière.

Greg va devoir œuvrer sans Phil cette année, et même si leur duo s'est avéré être une arme plus redoutable que toutes les "armadas" formées autour d'un leader, il va tenter d'engranger le plus de victoires. Et qui sait, peut-être rééditer le doublé mythique Ronde-Roubaix ?
Cependant, nous avons un effectif bien mieux taillé pour ce genre d'objectifs "gratter des points là où on peut" qu'avant, avec des coureurs comme Magnus Cort Nielsen, qui peut faire une saison avec plein de bonnes places mais très peu de points, tout comme afficher un énorme bilan comptable. Il sera à l'image de la première saison de la Spotify : laisser tomber les grandes manœuvres en montagne ou aux sprints, où nous n'avons personne, pour aller là où il n'y a qu'un ou deux cracks, où nous pouvons cartonner en manœuvrant bien.

Car néanmoins, nous avons des armes. Sur les pavés certes, mais également sur les tours d'une semaine, que nous ciblions sans vraiment de conviction par le passé, par défaut, et qui seront cette année un vrai objectif. Mais pas forcément pour les classements généraux. On veut des échappées, des barouds, profiter des failles laissées par les leaders qui se font la guerre. Si Spilak et Anacona font de surcroît une bonne saison, nous pourrons finir l'année très satisfaits. Il faudra être sérieux quand des opportunités se présenteront.

Selon toi, quelles sont les équipes qui sont désormais les mieux armées dans la lutte pour la première place en World Tour et pour l'accession à la première division et pourquoi ?

Je pourrais citer différentes équipes mais cela a déjà été fait par mes collègues et amis, et cela n'aurait pas un grand intérêt. Je vais simplement donner mon favori : la Groupama - FDJ. C'était déjà mon numéro 1 de tête, j'ai quand même fait un point sur les effectifs et ça l'est resté. Ils ont un effectif impressionnant, à la fois dominateur et ultra étoffé. Chez Groupama - FDJ, il n'y a pas de sous-coureur. Que des joker que les adversaires doivent prendre au sérieux. C'est prodigieux et c'est le fruit d'une gestion très pro de la part de leur manager qui est un vrai stratège, tant en course que en coulisses. Pour moi, sur le papier - car on ne sait jamais ce qui peut se passer en course, et en vélo ça va vite - ils sont clairement un ton au-dessus des autres équipes dans un classement World Tour qui se fait par points. Ils vont l'écraser cette saison, tout en étant une des équipes avec le plus de garanties pour l'avenir. C'est la formation n°1 du cyclisme.

A l'inverse, quelles formations vont, selon toi, avoir des difficultés à se maintenir à l'échelon World Tour et pourquoi ?

Pour moi, la Mitchelton-Scott est en gros danger cette saison. Ce qui m'embête le plus est que ça ne risque pas de s'arranger dans les années qui viennent, à l'inverse d'un autre gros candidat à la relégation, le Team Montblanc-Miele. Néanmoins, je pense qu'une seule de ces 2 formations quittera le World Tour car la saison va être très longue en revanche pour les gars de la Sport Vlaanderen. La promotion était méritée mais là ils n'ont pas juste beaucoup de points faibles, je pense que pour un niveau World Tour, ils n'ont quasiment aucune carte à jouer. Leurs rares opportunités de prendre des points sont sur des terrains peu sûrs et je les vois mal se maintenir, à mon grand regret.

Toutefois, Mitchelton-Scott et Montblanc-Miele sont loin d'être à l'abris cette année, car les carences sont nombreuses et les vraies cartes sont fragiles. Mais je leur souhaite à tous le maximum de réussite en 2019 ! Si ça se trouve, c'est la Spotify qui va galérer !

Annoncée comme grande favorite la saison dernière, Deceuninck - Quick Step a failli dans sa quête pour devenir numéro une mondiale, doublée sur le fil par Manzana Postobon. Néanmoins, pas d'inquiétude pour le manager cav qui n'a pas bouleversé son effectif durant l'intersaison. Seul un des nombreux leaders a fait ses valises, le Britannique Geraint Thomas, qui s'attelle à un nouveau challenge du côté de Sberbank, remplacé avantageusement par Tom Dumoulin, deuxième du Tour d'Italie et du Tour d'Espagne, laissé libre par Montblanc Miele. Avec également Nairo Quintana, Richie Porte et Enric Mas, la formation belge peut aligner deux leaders pour les classements généraux sur plus ou moins toutes les courses du calendrier. Et cette densité est sensiblement la même du côté des sprinteurs, avec Dylan Groenewegen dans le premier rôle ! Excellent, le Néerlandais partagera ses responsabilités avec John Degenkolb, Michael Matthews et le tout jeune Jasper Philipsen.

La myriade de leaders du côté de Deceuninck en fait forcément la grande favorite pour la victoire au classement World Tour, avec des résultats et des victoires qui devraient pleuvoir de janvier à octobre. Sur les pavés et les profils accidentés, il y a également largement de quoi faire, notamment avec l'éclosion du prodige du cyclo-cross Mathieu van der Poel. Très complet et doté d'une intéressante pointe de vitesse, il risque de faire mal, lui qui avait déjà levé les bras en 2018 sur la Flèche Brabançonne. Avec des grimpeurs de qualité pour le circuit Continental Pro tels Warren Barguil, Daniel Felipe Martinez ou encore Ben O'Connor, la formation de cav devrait pouvoir palier l'un de ses points faibles en 2018.

Dans cet effectif qui paraît sans faille, il y a néanmoins la place pour accueillir des jeunes à fort potentiel, en mesure de grandir et d'assurer la relève dans les prochaines années. Marc Hirschi et Brandon McNulty sont quasiment opérationnels, tandis qu'Andrea Bagioli, très convoité par Kinder notamment, Alejandro Osorio et Mark Donovan ont signé leur premier contrat professionnel, dans la lignée d'Andreas Leknessund, Julius Johansen ou encore Tom Pidcock. Avec un tiers de son groupe qui sert d'équipe réserve, Deceuninck - Quick Step semble pourtant en mesure de cannibaliser le World Tour. Mais attention aux mauvaises surprises, pour ne pas refaire les mêmes erreurs qu'en 2018. Car un nouvel échec serait difficilement compréhensible...

Parmi les nombreuses stars qui composent l'effectif de Deceuninck-Quick Step, Dylan Groenewegen est sûrement celui qui sort le plus du lot. Car c'est par lui que doivent arriver les victoires, en principe. Assurément l'un des meilleurs sprinteurs du monde, le Néerlandais a eu un rendement moyen en 2018, ce qui fait qu'il aborde la nouvelle saison avec un esprit de revanche. Et, gonflé à bloc, il pourrait bien faire des ravages ! En concurrence avec Fernando Gaviria, Caleb Ewan, Elia Viviani ou encore Peter Sagan, il devrait régulièrement tirer son épingle du jeu et empocher la mise sur les étapes de plaine des tours d'une et trois semaines. Peut-être prendra-t-il le départ de quelques classiques, comme Eschborn-Francfort, l'EuroEyes Cyclassic ou encore Milan - San Remo, si son manager le pense apte à franchir les capi qui parsèment la fin de parcours. Dylan Groenewegen est fort, très fort. Au point d'imiter Marcel Kittel qui avait fait une razzia sur le Tour de France précédent ? C'est tout ce que Deceuninck espère !

C'est un remplacement poste pour poste qui a été effectué par le manager cav au sein du groupe de coureurs de classements généraux. Exit Geraint Thomas, bienvenue Tom Dumoulin ! Alors que Montblanc Miele a fait le choix très risqué de se séparer de son principal pourvoyeur de points, Deceuninck - Quick Step a profité de l'aubaine pour remplacer son Britannique trentenaire par le fringuant Néerlandais. Très bon grimpeur, très bon rouleur, tenant particulièrement bien la distance sur trois semaines, Tom Dumoulin se positionne directement en carte maîtresse, même devant Nairo Quintana et Richie Porte. Après deux podiums en 2018, il voudra impérativement franchir un cap et ramener un maillot de leader à sa nouvelle écurie. Mais, pour cela, il faudra encore affronter Chris Froome, irrésistible habituellement, Vincenzo Nibali et bien évidemment Geraint Thomas qui rêve secrètement de jouer un mauvais tour aux Belges.

En premier lieu, que penses-tu des différents mouvements qui ont eu lieu au sein de ton équipe durant la période des transferts ? Es-tu satisfait de ton nouvel effectif ? As-tu des regrets particuliers ?

Je suis globalement satisfait de notre mercato. Nous avions pas mal de cibles plus ou moins difficiles d'accès notamment à la draft mais on a finalement pu les recruter donc nous sommes heureux. Si on ajoute à cela l'arrivée de Tom Dumoulin, cible principale depuis plusieurs saisons, c'est même un peu l'euphorie et l'excitation qui prédominent. Bien évidemment que je suis content de mon effectif. Il a peu changé certes, mais était déjà très performant la saison écoulée. Évidemment, certains seront moins bons cette saison mais ils sont peu nombreux contrairement aux jeunes qui ont progressé dont certains énormément à l'image de Van Der Poel et qui auront un rôle plus important cette saison. Nous espérions recruter un parmi le trio Bagioli - Osorio - Donovan à la draft et au final on les a tous, donc on ne peut pas espérer mieux. Il n'y a pas vraiment de regret dans la mesure où le marché est extrêmement complexe et où beaucoup de coureurs ne sont juste pas transférables. Par contre pour une équipe qui aime les Hollandais comme la nôtre, on aurait aimé garder Oomen mais c'est la loi du marché.

Quels sont les objectifs pour la prochaine saison ? En termes de victoires, de points marqués, de succès de prestige, de classement final...

Les objectifs restent sensiblement les mêmes que la saison écoulée, à savoir terminer sur le podium au classement par équipe et monter sur le podium d'un Monument et d'un Grand Tour au moins. Je préfère ne pas cibler un chiffre précis de victoires car il y a trop de paramètres à prendre en compte, comme la concurrence. On n'a pas un super coureur qui explose tout le monde en terme de points marqués ou de victoires donc on mise plus sur le collectif et on verra ce que ça donnera.

Selon toi, quelles sont les équipes qui sont désormais les mieux armées dans la lutte pour la première place en World Tour et pour l'accession à la première division et pourquoi ?

Pour la victoire, je pense qu'on aura les mêmes que la saison dernière avec une Sberbank plus menaçante qui peut créer la surprise.
Mais les favoris restent évidemment Manzana parce que Valverde gagne tout, tout simplement et Groupama - FDJ qui a le collectif le plus dense. Pour la montée, je miserais sur les deux formations qui ont été reléguées la saison écoulée.

A l'inverse, quelles formations vont, selon toi, avoir des difficultés à se maintenir à l'échelon World Tour et pourquoi ?

La formation Montblanc aura beaucoup de mal sans grand leader ainsi qu'AG2R mais ils en ont plus l'habitude.Pour certaines équipes comme Sport Vlaanderen ou Michelton, il ne faudra pas laisser trop de points en route non plus.

Androni Giocattoli a connu une saison 2018 tout à fait acceptable, avec une dixième place au classement World Tour. Néanmoins, il y avait sans doute largement la place de faire mieux si certains soucis administratifs avaient été évités. En effet, un homme à lui seul semble en mesure de collecter encore plus de points l'an prochain, et il s'agit du leader français Julian Alaphilippe. Assurément le meilleur puncheur du monde, il a déjà porté sur ses épaules son équipe et sa marge de progression semble sans fin ! Les classiques accidentées et les tours d'une semaine vallonnés seront une fois encore le terrain de jeu favori d'Androni en 2019. D'autant que les jeunes Fausto Masnada et Andrea Vendrame, qui a signé à l'intersaison en provenance de Katusha, ne sont pas en reste, l'un comme l'autre étant doté d'un bon punch.

Naturellement, la formation coachée par le manager Max31 a d'autres cordes à son arc. Les sprints et les classiques pavées principalement. Excellent ces derniers mois, Matteo Trentin voudra rééditer ses exploits, lui qui s'était notamment imposé sur l'E3 Harelbeke et l'EuroEyes Cyclassics Hamburg. Avec les deux Belges Jasper Stuyven et Edward Theuns, il aura à disposition deux précieux acolytes. Pas les plus rapides lors des emballages massifs, ils feront de leur mieux, au même titre que Manuel Belletti.

Évidemment, le collectif transalpin a quelques carences, en montagne et sur les contre-la-montre principalement. C'est sans doute ce qui la privera du Top 5 en fin d'année 2019. Mais derrière, l'avenir se prépare et s'annonce particulièrement prometteur ! Edoardo Affini a signé son premier contra professionnel cette année, tout comme l'Américain Kevin Vermaercke et le Belge Viktor Verschaeve. Évidemment, ils ont encore tout à prouver, un peu comme le tout jeune Kazakh Vadim Pronskiy. Mais Max31 sait flairer les bons coups et Androni Giocattoli se construit petit à petit, dans l'ombre, emmenée par un coureur d'exception, Julian Alaphilippe, et quelques pointures italiennes et belges.

Les superlatifs viennent à manquer pour qualifier le potentiel exceptionnel de Julian Alaphilippe. A 26 ans, le Français n'en finit plus de surprendre et n'a pas encore touché du doigt ses limites. Son punch est sa carte maîtresse et il devrait faire des ravages en 2019. Aligné dès le Tour Down Under, il ambitionne ni plus ni moins que la victoire finale. Les classiques ardennaises lui font de l'oeil et, dans un coin de sa tête, il rêve de réaliser un improbable triplé. Milan - San Remo et le Tour de Lombardie, Monuments primordiaux pour une formation italienne comme Androni, seront peut-être également à son calendrier. Et c'est toute son équipe qui se prend à rêver. Après tout, Alejandro Valverde a bien terminé numéro un mondial en 2018. Bien que moins bon grimpeur, pourquoi Julian Alaphilippe ne pourrait-il pas l'imiter à court terme ?

En s'engageant au sein de la formation Androni Giocattoli, Andrea Vendrame n'arrive pas dans l'inconnu. Il retrouvera bon nombre de ses compatriotes, dont Fausto Masnada qu'il connaît bien. A 24 ans, le Vénitien progresse à son rythme et est de plus en plus pris au sérieux lorsqu'il est au départ d'une course. Adepte des arrivées difficiles, il apprécie les profils vallonnés et exigeants. En 2019, il devrait avoir un double rôle, avec des responsabilités en Continental Pro et dans la peau d'un équipier précieux en World Tour, aux côtés de Julian Alaphilippe notamment. Incarnant la relève du cyclisme italien, Andrea Vendrame a la confiance de son manager qui lui laissera le temps qu'il faut pour arriver à maturité.