Continental Pro 2018 : Présentation des équipes

L'an passé, malgré le renfort de Michael Woods, la formation Drapac faisait figure de petit poucet dans le paysage cycliste. Mais, avec un bon management et des coureurs valeureux, elle a su réaliser quelques exploits qui resteront dans les mémoires. Le Canadien s'est montré régulier, même s'il a parfois eu du mal à suivre les meilleurs spécialistes dans les vallons. C'est surtout David Tanner qui a surpris en allant lever les bras à deux reprises sur la plus grande course du monde, le Tour de France, où les Australiens étaient invités. Adam Blythe, au sprint, a été le troisième maillon fort de l'équipe de Joaquim59.

Sans surprise, l'ensemble était bien trop juste pour accrocher les premières places du classement Continental Pro. Mais l'objectif était ailleurs, et sera le même en 2018 : voir grandir l'équipe petit à petit, progresser, avec la formation de jeunes talents en devenir. Le mercato va en ce sens, en densifiant un collectif qui en avait besoin. Dion Smith, issu de la filiation avec la maison mère Mitchelton-Scott, est un sprinteur complet qui sera bien utile pour épauler Adam Blythe. Mais ce sont aussi les néo-pros qui attirent l'attention, tout comme les bons coups sur le marché qui n'ont pas coûté un centime à Drapac : Mark Christian et surtout Daniel Pearson seront précieux.

Le départ de Ryan Mullen ou encore celui du prometteur Scott Davies sont plutôt bien compensés et ne devraient pas trop affaiblir le groupe. De quoi se montrer ambitieux en visant de nouvelles victoires et de nouvelles invitations sur les courses World Tour. Avec le même succès que l'an dernier ?

Déjà leader l'an passé, Micahael Woods aura de nouveau de grosses responsabilités en 2018. S'il ne sera sans nul doute pas seul à offrir des résultats convaincants à Drapac, le Canadien sait qu'il n'aura pas une marge d'erreur conséquente si son équipe veut doubler son nombre de points pris, comme le souhaite son manager. Excellent puncheur, capable de briller tout au long de l'année sur les tours d'une semaine et les classiques, il peut permettre aux Australiens de recevoir un précieux sésame pour les Ardennaises fin avril.

Mais le puncheur s'est également découvert des talents de grimpeur résistant et régulier. Le retrouver sur un Grand Tour n'aurait donc rien de surprenant. De son planning dépendront en partie les temps forts et faibles de sa formation. Mieux entouré avec la présence de Nathan Brown et Daniel Pearson, fraîchement arrivés, le trentenaire pourrait bien être l'une des bonnes surprises de cette saison.

A l'intersaison, la colonie néo-zélandaise de Drapac s'est développée, avec trois nouveaux coureurs. Si Aaron Gate et James Oram seront des équipiers besogneux la plupart du temps, Dion Smith devrait lui avoir un peu plus de libertés. Son profil de puncheur avec une bonne pointe de vitesse manquait à Drapac et le rend assez polyvalent.

Probable équipier de luxe de Michael Woods à certaines occasion, il sera sûrement l'un des lanceurs principaux de la fusée Adam Blythe qui cherchera à collecter un maximum de bouquets. Mais le cantonner à cela serait bien réducteur. Le natif de Taupaki a quitté le World Tour pour se retrouver parfois dans la peau d'un leader, chose quasiment impossible chez Mitchelton-Scott. A lui de justifier cette aspiration et d'obtenir des résultats en adéquation avec son nouveau statut.

Les différents atouts, de 1 à 5 étoiles


Classement Continental Pro



Grands Tours



Ardennaises



Flandriennes



Sprints

En premier lieu, que penses-tu des différents mouvements qui ont eu lieu au sein de ton équipe durant la période des transferts ? Es-tu satisfait de ton nouvel effectif ? As-tu des regrets particuliers ?

Je suis satisfait des transferts que Drapac Pro Cycling a réalisé ! Nous avons réussi à conserver nos deux meilleurs coureurs, en la personne de Michael Woods et de Adam Blythe. De plus, les arrivées de coureurs talentueux comme Daniel Pearson, Dion Smith ou encore Ian Garisson nous permettent d'envisager le futur avec de la sérénité. Conserver Robert Stannard n'aura pas été facile. En effet, au vu de son talent et de son âge, les plus grosses cylindrées se sont intéressées à lui mais nous avons décliné toutes leurs offres. C'est une réel satisfaction de le voir évoluer sous nos couleurs une saison de plus. Même si je le répète, c'est toujours un plaisir de négocier et de trouver un ou des accord(s) avec nos formations favorites comme Mitchelton-Scott ou la Sky.
Pour finir, le seul regret que j'ai concernant ce mercato est le transfert avorté de Tejay van Garderen. Je regrette le manque de collaboration du manager de BMC. Ce dernier voulait voir le coureur américain quitter sa formation, nous voulions l'attirer, il voulait Nathan Brown, nous étions prêts à le lâcher... C'est regrettable que ce transfert ne se soit pas effectué, cela aurait été un gros coup pour notre formation !

Quels sont les objectifs pour la prochaine saison ? En termes de victoires, de points marqués, de succès de prestige, de classement final...

On peut viser les 150 points au classement UCI à mon avis. Nous avons terminé l'exercice précédent avec 85 points, je pense que nous avons la capacité de presque doubler ce chiffre. Ensuite, nous aimerions participer de nouveau à la Grande Boucle ! La performance de David Tanner avait été remarquable et nous en gardons encore aujourd'hui de très bons souvenirs. Enfin, remporter 5 victoires d'étapes (hors Championnats Nationaux) me semble tout à fait possible.

Selon toi, quelles sont les équipes qui sont désormais les mieux armées dans la lutte pour la première place en World Tour et pour l'accession à la première division et pourquoi ?

Je ne suis pas du tout un spécialiste des pronostics ! A mon sens, Groupama - FDJ a réussi son mercato en conservant la majeure partie de son effectif. Cela a marché une saison, pourquoi pas deux ? Enfin, leur dauphin, Manzana Postobon - Colombia a réussi un très bon coup en attirant Alejandro Valverde.
Ensuite, pour l'accession à la première division, je pense à Dimension Data et à Wanty - Groupe Gobert qui ont réussi à attirer Mark Cavendish et Alexander Kristoff. Mais, une saison est longue et avoir un gros collectif est important. Wait and see !

A l'inverse, quelles formations vont, selon toi, avoir des difficultés à se maintenir à l'échelon World Tour et pourquoi ?

A mon sens, il manque un très bon sprinteur à la Fundacion Euskadi-Eroski pour se maintenir. Ils ont certes de très bons grimpeurs avec Mikel Landa, Mikel Nieve et Marc Soler mais les sprinteurs permettent d'engranger beaucoup de points... Mais je me répète, je ne suis pas un très bon pronostiqueur !

2017 aura été une année en dents de scie pour IAM Cycling. Au début de saison en fanfare ont succédé plusieurs mois de marasme où l'équipe suisse a eu l'occasion de ne participer qu'à quelques courses. Pourtant, Michael Albasini avait d'entrée de jeu fait preuve d'une réussite insolente, faisant parler ses qualités de puncheurs, et ce, même face aux spécialistes du World Tour. Le mois de février restera dans les annales de la formation de jeanpierre33, ayant même laissé penser à une possible promotion à l'échelon supérieur. Mais la suite, comme évoqué, a été moins rose.

2018 est donc un nouveau départ, une nouvelle chance pour les Helvètes. Et cela s'en est d'ailleurs ressenti dans les choix effectués lors de la période des transferts : exit l'historique Michael Albasini, pourtant garant de nombreux points, mais aussi Jean-Pierre Drucker et le talentueux Kristoffer Halvorsen, partis sous d'autres cieux. A première vue, sur le papier, ces trois pièces maîtresses ont été remplacées avantageusement. Tom-Jelte Slagter est intéressant pour les diverses classiques vallonnées, Andrea Pasqualon est un coureur complet, en pleine progression, et Sacha Modolo, devenu indésirable chez AG2R La Mondiale, n'en reste pas moins un sprinteur souvent outsider et capable de lever les bras à plus d'une reprise cette saison.

IAM Cycling a les moyens de s'illustrer sur tous les types de terrain, ce qui n'est pas le cas de toutes les formations de son niveau... et c'est un atout de taille. Évidemment, Patrick Konrad, le talentueux grimpeur autrichien, sera l'une des pierres angulaires de l'effectif. Déjà expérimenté au plus haut niveau, il aura à charge d'encadrer les jeunes, comme Kilian Frankiny, arrivé à l'intersaison. Et si l'alchimie prend, retrouver les Suisses au coude à coude pour les premières places n'aurait rien d'étonnant !

Après le départ de Michael Albasini en direction de LottoNL-Jumbo, Patrick Konrad est en quelques sortes le principal représentant du projet austro-suisse [porté depuis plusieurs années maintenant par IAM Cycling. A 26 ans, il arrive maintenant dans ses meilleures années et semble enfin en mesure d'obtenir les résultats escomptés. Combinant qualités de grimpeur et de puncheur, il sera précieux sur les épreuves d'une voire de trois semaines, mais aussi aux côtés de Tom-Jelte Slagter sur certaines classiques.

Georg Preidler son compatriote, ainsi que Steve Morabito, essaieront de l'accompagner le plus longtemps possible en altitude pour lui éviter des efforts inutiles. S'il risque d'être un peu juste face à des coureurs de renommée internationale comme Nairo Quintana, Romain Bardet ou même Jakob Fuglsang, Patrick Konrad semble toutefois en mesure de s'illustrer. Pourquoi pas lors du Tour d'Autriche, à domicile, par exemple ?

Si son arrivée semble moins clinquante que celle de Sacha Modolo, la venue d'Andrea Pasqualon pourrait bien être l'un des bons coups du mercato. Libéré de ses obligations contractuelles par UAE-Team Emirates, l'Italien est en pleine explosion et sa progression ne semble pas prête de s'arrêter. S'il approche de la trentaine, le Transalpin a encore de beaux jours devant lui.

Moins bon sprinteur que son compatriote, il est toutefois beaucoup plus complet et n'est, lui, pas en difficulté dès que la route s'élève. Passe-partout, Andrea Pasqualon pourra faire parler sa pointe de vitesse et son punch à de nombreuses reprises en Continental Pro. Les arrivées difficiles du Tour de Burgos par exemple, ou même les semi-classiques italiennes pourraient lui convenir à la perfection. Et quand il ne sera pas le leader désigné, il a tous les atouts pour être un parfait poisson-pilote pour Sacha Modolo ou un électron libre aux côtés de Tom-Jelte Slagter.

Les différents atouts, de 1 à 5 étoiles


Classement Continental Pro



Grands Tours



Ardennaises



Flandriennes



Sprints

En premier lieu, que penses-tu des différents mouvements qui ont eu lieu au sein de ton équipe durant la période des transferts ? Es-tu satisfait de ton nouvel effectif ? As-tu des regrets particuliers ?

Tout d'abord, j'estime que ce mercato a été très prolifique, puisque quasiment tous nos leaders ont été remplacés par des coureurs d'un niveau supérieur à mon avis, à l’exception de Michael que nous avons préféré vendre avant la fin de sa carrière. De plus, nous avons également rajeuni l'équipe, notamment par le départ de Michael Albasini et de Jempy Drucker, et en conservant la plupart de nos jeunes pousses tels que Amund Jansen ou encore Kilian Frankiny. Enfin, la base de notre équipe reste la même, puisque seuls trois coureurs néerlandais ne font pas parti du projet austro-suisse.

Néanmoins, j'ai tout de même deux regrets : un plutôt lié à une opportunité dans la draft néo pro avec Felix Gall. C'est un coureur qui représente l'avenir du cyclisme mondial selon moi et que nous avons hésité de prendre au premier tour avec Kilian Frankiny. Finalement, nous avons opté pour le Suisse car nous pensions que Felix n'était pas suffisamment connu pour qu'il soit pris par d'autres équipes. Malheureusement pour nous, une autre équipe a saisit cette belle opportunité et l'a pris, quelques tours seulement avant nous. Ensuite, nous estimons qu'il aurait été très compliqué de recruter ce talent et avons décidé de ne pas faire d'offre.
Quant au second regret, celui-ci est beaucoup plus fort, puisqu'il s'agit de l'espoir suisse Stefan Kung, qui a failli venir dans notre équipe, mais le transfert ne s'est pas conclut finalement. Il nous aurait permis de nous améliorer dans notre point faible, l'exercice chronométrique, en plus de posséder une marge de progression intéressante. Mais ces regrets sont atténués par le fait de posséder une équipe assez jeune, compétitive sur beaucoup de tableaux.

Quels sont les objectifs pour la prochaine saison ? En termes de victoires, de points marqués, de succès de prestige, de classement final...

Nous n'avons pas véritablement d'objectifs chiffrés. Si nous avions conservé Albasini, nous aurions pu viser la montée en World Tour, mais nous avons décidé de miser sur le long terme et, par conséquent, cette saison s'apparente plus à une saison de transition, en attendant les explosions au plus haut niveau de Muhlberger, Jansen, Konrad ou encore Bagnoli.
Pour en revenir aux objectifs, nous pouvons dire qu'un Top 5 en Continental Pro serait un minimum syndical, et que nous pourrions viser un Top 4 et pourquoi pas la montée, même cela semble difficile. Quand aux victoires, même si je le répète, il n'y a pas de chiffres précis, on pourra dire qu'à partir de 5 victoires (hors CN), la saison sera réussite.
Ce qui m'intéresse le plus cette année, c'est l'évolution de nos coureurs et leur comportement en course, notamment par leur présence en échappées et dans la batailles dans les GPM, et notamment dans nos courses nationales.

Selon toi, quelles sont les équipes qui sont désormais les mieux armées dans la lutte pour la première place en World Tour et pour l'accession à la première division et pourquoi ?

Globalement pour le World Tour, je ne m'attend pas à de grosses surprises. Je vois bien une lutte entre 3-4 équipes, à savoir la Sberbank, la Quick Step, la Groupama - FDJ, avec éventuellement la Manzana voire la Sky juste derrière. En effet, ces équipes possèdent une telle densité sur tous les tableaux que je les vois bien scorer sur une majorité de courses, comme la Quick Step, capable de remporter les 3 grands tours (Quintana, Porte). L'une des principales clés sera l'utilisation des jours de courses, et j'ai un peu peur par exemple qu'un Sagan ne puisse pas rivaliser sur la durée face à la Groupama (Démare, Coquard, Laporte) et la Quick Step (Degenkolb, Matthews, Groenewegen). Par conséquent, je vois bien une victoire de la Quick Step devant la Groupama et la Sberbank.
Quant à la montée, une lutte qui me concerne personnellement, je pense que ce sera très serré. En effet, très peu d'équipes se détachent véritablement, à l'exception de Lotto Soudal, qui peut briller sur de nombreux tableaux avec un sprinteur (Bennett) et trois puncheurs de classe mondial, voire de Trek avec ses 2 grimpeurs Pozzovivo et Bardet, même si elle ne possède pas la densité de Lotto. Néanmoins, il y a une multitude d'équipes juste derrière capable de tirer leur épingle du jeu, comme Dimension Data, CCC, Sport Vlaanderen ou encore IAM. A mon avis, la différence se fera par rapport aux stratégies des différentes équipes de deuxième division d'aligner leurs coureurs sur des courses WT, plus relevées, ou sur des courses d'un niveau moindre afin d'assurer les points.

A l'inverse, quelles formations vont, selon toi, avoir des difficultés à se maintenir à l'échelon World Tour et pourquoi ?

Personnellement, je ne vois pas vraiment d'équipes, à part peut être la Once, qui parait un peu tendre pour un tel niveau, mais qui vise davantage sur le long terme. Pour moi, toutes les équipes WT, à part celles citées auparavant, peuvent se retrouver dans une panne de résultats et ainsi une spirale négative, qui peut les conduire à la relégation. Le World Tour est un échelon tellement incertain, tellement difficile, où seuls les coureurs les plus costauds peuvent briller, que l'objectif premier reste de se maintenir. Par conséquent, je ne vais pas, pour l'instant, me risquer à un pronostic.