World Tour 2019 : Présentation des équipes

On prend les mêmes et on recommence ! C'est ce que pourrait se dire betancur214, manager de la formation Manzana Postobon - Colombia, sacrée meilleure équipe du monde en 2018. Néanmoins, les choses s'annoncent plus délicate pour l'équipe colombienne qui n'a pas pu profiter de la période des transferts pour se renouveler et faire évoluer son effectif. Les opportunités ont été rares et les discussions n'ont jamais atteint un stade avancé, à tel point que les quatre arrivées sont des coureurs qui ont signé leur premier contrat professionnel ou qui étaient en attente de retrouver une place. Nicolas Prodhomme et Daniel Muñoz sont deux paris intéressants pour l'avenir, tandis que Geoffrey Bouchard rejoint ses compatriotes Pierre Latour et Alexis Vuillermoz notamment. Il pourrait s'avérer être un précieux équipier en montagne dans les prochains mois.

Ce calme plat ne doit pas pour autant affoler betancur214, qui a à sa disposition un effectif de qualité, notamment au niveau des principaux leaders. Les sprints seront toujours la propriété de Fernando Gaviria, brillant en 2018 et qui pourra toujours compter sur Juan Sebastian Molano pour le lancer à la perfection. Les profils accidentés seront l'autre arme de Manzana Postobon, avec ni plus ni moins que le meilleur coureur du monde la saison dernière, Alejandro Valverde. Complet mais avant tout excellent puncheur, il devrait être intenable sur les Ardennaises, qui lui conviennent à la perfection. Attention évidemment à la concurrence de Julian Alaphilippe ou encore Jakob Fuglsang, mais, à l'expérience, le Murcian devrait être en mesure de se hisser au moins sur le podium. A domicile, au Pays Basque, en Catalogne et sur la Vuelta dont il est le tenant du titre, il sera également au coeur de tous les regards. A coup sur, il portera encore son équipe vers les hautes cimes du classement mondial.

En plus de ces deux stars, d'autres coureurs s'avéreront précieux, en montagne notamment. Un peu en retrait ces derniers mois, Sergio Henao, victorieux sur le Tour de Turquie, et Esteban Chaves restent des valeurs sûres, tout comme la paire française Alexis Vuillermoz - Pierre Latour, qui essaiera de briller en Continental Pro notamment. Carlos Betancur sera à leurs côtés, tout comme le prodige Sergio Higuita. A tout juste 21 ans, le natif de Medellin a réalisé des progrès impressionnants et pourrait déjà avoir quelques libertés sur certaines courses, quand il n'épaulera pas ses leaders. Ainsi donc, malgré un mercato délicat, Manzana Postobon a encore en sa possession de très belles armes pour briller. Au point de conserver son titre ? Pour y parvenir, il faudra un peu de réussite sans doute. Mais après tout, le manager betancur214 n'y croyait pas non plus en 2018. Donc pourquoi pas ?

Alors oui, Fernando Gaviria n'a pas terminé à la première position du classement individuel la saison dernière, contrairement à son acolyte Alejandro Valverde. Néanmoins, c'est bel et bien le Colombien qui symbolise le mieux le projet de betancur214 et la réussite de Manzana Postobon - Colombia. Alors qu'elle évoluait en Continental Pro à ses débuts, la formation colombienne a bien grandi, au point de terminer au sommet de la hiérarchie en 2018. Et l'ascension de son sprinteur majeur est en corrélation directe avec ces progrès fulgurants. Capable d'enchaîner les bouquets lors des emballages massifs, comme il a su le faire sur le BinckBank Tour, en Turquie et à Guangxi notamment, il sera au top une fois encore et pourrait également viser certaines classiques, un peu à la manière de la Cadel Evans Great Ocean Road Race qu'il avait ajouté à son palmarès en janvier dernier. Et, à 24 ans, il a tout l'avenir devant lui !

Évidemment, Geoffrey Bouchard n'est pas la recrue la plus clinquante de la dernière période des transferts, c'est un fait avéré. Pourtant, cela n'empêche qu'il s'agit d'un solide coureur pour apporter un peu plus de densité au collectif de Manzana Postobon. Repéré par betancur214 dans les rangs amateurs, le Français est arrivé tardivement dans l'univers professionnel. Et cela pourrait bien être un véritable atout, car sa marge de progression est réelle. Bon grimpeur, il jouera dans un premier temps le lieutenant de ses compères Alexis Vuillermoz et Pierre Latour notamment. Avant, pourquoi pas dès 2020, de prendre du galon et de jouer sa propre carte sur le circuit Europe Tour par exemple. A défaut d'attirer un nombre conséquent de coureurs, la formation colombienne a recruté malin. Et Geoffrey Bouchard en est un bon exemple.

En premier lieu, que penses-tu des différents mouvements qui ont eu lieu au sein de ton équipe durant la période des transferts ? Es-tu satisfait de ton nouvel effectif ? As-tu des regrets particuliers ?

Tout d'abord, je vais rejoindre les propos du manager de Sport Vlaanderen concernant un "boycott" de certaines équipes et surtout une baisse affolante de valeur concernant certains coureurs. Si ces coureurs ont permis à l'équipe d'être supérieure aux autres sur une saison entière, c'est qu'ils ne doivent pas être si mauvais qu'annoncés.
Si je parle de ce point là c'est pour en venir aux mouvements de Manzana durant cette période de transferts puisqu'ils ont été inexistants. Et le plus gros regret est là parce que ce n'était pas notre souhait de garder le même effectif à quelques exceptions près. Ce n'est pas le seul regret puisque l'autre que je peux citer, c'est notre impossibilité à attirer les meilleurs espoirs colombiens. Pour la meilleure équipe du peloton et surtout pour une équipe colombienne, c'est dur à accepter.
Avec ces regrets là, je ne peux clairement pas dire que je suis satisfait de mon équipe.

Concernant les mouvements, ils ont été limités avec seulement quatre arrivées pour quatre départs. Notre recrutement a été basé sur les jeunes coureurs dont un colombien à défaut d'avoir mieux. Les trois autres arrivées prouvent que notre équipe est loin d'être aussi fermée comme la majorité des personnes veulent le croire. Geoffrey Bouchard et Nicolas Prodhomme viennent augmenter notre base de coureurs français pour une meilleure intégration dans l'équipe. De même pour Piotr Havik, il est important pour nous d'avoir des coureurs européens dans notre effectif et non se limiter à un certain nombre de nations.

Les départs sont plutôt dans la logique des choses puisque trois coureurs envisagent une retraite d'ici peu. Ils ont été les piliers de l'équipe au début du projet avant de devenir chef de route sur leurs dernières années. La plus grosse déception reste le départ de Wilmar Paredes ou plutôt son licenciement pour dopage. Apprendre cette nouvelle à été un vrai coup dur pour notre équipe qui s'est toujours battu contre ça. C'est d'autant plus compliqué pour nous car il s'agissait d'un grand espoir du cyclisme colombien.

Quels sont les objectifs pour la prochaine saison ? En termes de victoires, de points marqués, de succès de prestige, de classement final...

L'objectif du projet de départ en 2013 a été réalisé et c'est le plus important. Désormais, chaque année supplémentaire avec le sponsor, nous aurons un seul objectif, c'est de se faire plaisir. Ce sera le maître-mot tout au long de la saison. Après une saison 2018 où tout nous a réussi, on n'a plus rien à espérer. Après avoir terminé meilleure équipe avec un nombre de victoires exceptionnel dont des succès de prestige sur des monuments ou des Grands Tours, il est inutile de se fixer des objectifs comptables. Dans le but de se faire plaisir, des coureurs auront l'opportunité de découvrir de nouvelles courses comme c'est le cas pour Alejandro Valverde qui sera normalement sur des classiques flandriennes. Une chose est sûre, conserver notre première place mondiale sera impossible mais terminer dans le top 10 devrait être réalisable.

Selon toi, quelles sont les équipes qui sont désormais les mieux armées dans la lutte pour la première place en World Tour et pour l'accession à la première division et pourquoi ?

Pour notre succession en tant que meilleure équipe du peloton, deux équipes vont naturellement sortir du lot. Il y a d'abord celle que l'on a dépassé sur les toutes dernières courses de la saison, Deceuninck - Quick Step et Groupama - FDJ. Ce sont les deux équipes qui vont se battre pour la première place mondiale car se sont les seules à pouvoir aligner des coureurs capables de jouer la victoire sur toutes les courses du calendrier. Elles peuvent même se permettre d'aligner plusieurs leaders sur une grande partie des épreuves.
Pour l'accession en World Tour, plusieurs équipes peuvent prétendre aux deux places disponibles. Pour moi, aucune ne sort vraiment du lot mais ça devrait notamment se jouer entre Katusha, Trek-Segafredo, Movistar, CCC et Fundacion Euskadi. Si je dois en citer deux, ce serait Trek-Segafredo et Katusha qui sont celles qui possèdent une belle densité permettant de rapporter des points sur plus de courses.

A l'inverse, quelles formations vont, selon toi, avoir des difficultés à se maintenir à l'échelon World Tour et pourquoi ?

Je vais encore citer cinq équipes qui sont, pour moi, en danger cette saison. Sur les 5, une seule descendra en seconde division puisqu'une place est automatiquement prise par Grupo Exito qui ne pourra pas s'exprimer sans manager. Ça va donc se jouer entre AG2R, Mitchelton, Montblanc, Sport Vlaanderen et Spotify. Certaines devraient s'en sortir sans trop de difficulté mais il faudra éviter les faux pas. C'est pour ça que j'élimine Sport Vlaanderen, Mitchelton et AG2R. La dernière se jouera donc entre Spotify et Montblanc. La première cité devra beaucoup compter sur Greg Van Avermaet notamment sur les flandriennes mais également sur les classiques de fin de saison. Le belge n'aura pas le droit à l'erreur puisque les autres coureurs auront du mal à marquer des points que ce soit en World Tour ou même sur les courses Continentales. Concernant Montblanc, c'est un peu la même chose mais avec Maximilian Schachmann comme coureur principal. C'est compliqué de citer une équipe plus que l'autre.

Contre toute attente, l'intersaison a été plutôt mouvementée du côté de Cofidis. Disposant pourtant d'un effectif de qualité, qui lui a permis de se maintenir sereinement dans l'élite, le manager Guillaume24430 a fait le choix de laisser partir deux jeunes de grande qualité. Les Allemands Maximilian Schachmann et Pascal Ackermann ont respectivement pris la direction de Montblanc Miele et de Katusha - Alpecin, laissant tout de même un vide. En se passant d'un puncheur en pleine explosion et d'un sprinteur de classe mondiale, Cofidis prend un réel risque, même si des arrivées très intéressantes sont venues compenser en partie. La signature de Miguel Angel Lopez, libéré par Kinder+Sport, permet d'avoir un second leader en haute montagne aux côtés de l'excellent Simon Yates. Le Colombien et le Britannique pourront ainsi se répartir les courses plus facilement, permettant ainsi à leur équipe de briller tout au long de l'année. En délaissant les classiques ardennaises, Cofidis a procédé à une réorientation vers les tours d'une et trois semaines, mais s'est également attachée les services de Dylan Van Baarle, promis à un avenir radieux sur les pavés. Également bon rouleur, il sera très utile dans les contre-la-montre par équipes et en plaine.

Enfin, la dernière arrivée significative est celle du tout jeune Alvaro Hodeg, qui aura la lourde tâche de faire oublier Pascal Ackermann. Peut-être un peu tendre pour enchaîner les victoires dès cette année, il possède une très belle pointe de vitesse dans la dernière ligne droite et pourrait bien s'avérer être une excellente pioche dans les mois à venir. Une excellente pioche, c'est également ce que seront sans doute les jeunes néo-pros qui ont signé leur premier contrat professionnel durant l'hiver chez Cofidis. C'est en tout cas ce qu'espère Guillaume24430, lui qui a accordé sa confiance à des grimpeurs en devenir, Gino Mäder, Einer Augusto Rubio et le tout jeune Thymen Arensman, à peine majeur.

Pour faire le lien entre ces leaders et ces diamants bruts qui doivent encore progresser, de bons équipiers viennent compléter le collectif. En Continental Pro notamment, la formation nordiste pourrait bien empocher régulièrement la mise, avec des profils adaptés à tous les terrains. Thomas Boudat essaiera de se frotter à Pascal Ackermann, son ancien coéquipier, à Mark Cavendish et Giacomo Nizzolo. Lilian Calmejane, Luis Leon Sanchez, Jesus Herrada et David De La Cruz profiteront, eux, des reliefs accidentés et de la haute montagne pour se distinguer et aller chercher des bouquets, à la pédale face aux favoris ou en échappée comme ils savent le faire. A première vue, tous les ingrédients semblent réunis pour passer un cap. Quatorzième équipe World Tour en 2018, Cofidis peut légitimement ambitionner le Top 10 !

Simon Yates est une véritable garantie pour Cofidis. Excellent grimpeur, parmi les meilleurs du monde tout simplement, il ambitionnera la victoire aux classements généraux partout où il prendra le départ ou presque. Vainqueur du Critérium du Dauphiné en mai dernier, il peut encore monter d'un cran et sérieusement garnir son palmarès en 2019. Plutôt bon puncheur, il pourrait également être amené à endosser le costume de leader sur les classiques accidentées, en raison du départ de Maximilian Schachmann. Le triptyque ardennais peut lui convenir, notamment La Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège, à condition d'avoir un peu de réussite. En tout cas, le Britannique devrait sans surprise être le principal pourvoyeur de points de son équipe une fois encore. A hauteur de 50 % comme en 2018 ? Peut-être même plus !

Alors que les espoirs de Cofidis sur les courses par étapes reposaient uniquement sur les épaules de Simon Yates en 2018, la venue de Miguel Angel Lopez est une vraie bonne nouvelle pour l'écurie française. Libéré par Kinder alors qu'il avait tout pour y briller, le jeune Colombien se manque rarement quand il faut prendre de l'altitude. Et son ancien manager Metà pourrait bien se mordre les doigts de l'avoir en adversaire dorénavant ! Logiquement, il devrait s'aligner sur un Grand Tour, peut-être en Italie ou en Espagne, et aura son mot à dire sur une semaine également. A Guillaume24430 de bien gérer ses deux têtes d'affiche pour éviter la guerre d'ego et, si l'alchimie fonctionne, on devrait retrouver Cofidis dans les premières places très régulièrement.