Continental Pro 2019 : Présentation des équipes

Avec deux nouvelles formations en son sein, Katusha - Alpecin et Fundacion Euskadi, les cartes sont rebattues à l'échelon Continental Pro. De nombreuses équipes auront à coeur de briller pour éventuellement intégrer la catégorie supérieure, le World Tour. D'autres chercheront tout d'abord à progresser, à se battre avec leurs valeurs et leurs armes. Découvrez dans les prochains jours toutes les présentations, de Trek - Segafredo à Roompot en passant par Movistar ou encore BORA - hansgrohe.

L'année 2018 a été particulièrement mouvementée pour l'ancienne Once - Segafredo. L'homme à la tête du projet initial ayant fait le choix de cesser ses activités, les coureurs se sont retrouvés de longs mois au chômage technique. Fort logiquement, et alors que Fortuneo et Euskadi s'écharpaient pour éviter la relégation, l'équipe espagnole a sombré, sans capitaine à son bord. Heureusement, le providentiel Degenkolb est arrivé à l'approche de la Vuelta et s'est attaqué sans crainte à un immense chantier. Exit les deux sponsors, et bienvenue à Katusha - Alpecin ! Désormais en Continental Pro, l'écurie russe souhaite immédiatement faire l'ascenseur et retrouver une place dans une élite qu'elle n'aurait jamais dû quitter.

L'effectif a été chamboulé de toutes parts et seuls Roberto Ferrari et Matteo Malucelli sont restés en place. Des jeunes coureurs de classiques prometteurs ont fait leurs valises, à l'instar d'Alberto Bettiol, enrôlé chez Astana, de Dylan Van Baarle ou encore de son compatriote néerlandais Mike Teunissen. Mais des éléments de qualité sont venus compenser, au premier rang desquels un sprinteur de classe mondiale, non conservé par Cofidis, Pascal Ackermann. L'Allemand donne à lui seul fière allure à l'effectif et remplace avantageusement Alvaro Hodeg qui a suivi le chemin inverse. D'autant que Nacer Bouhanni a lui aussi été attiré et, désireux de relancer sa carrière, s'est engagé pour au moins une saison. Les deux finisseurs devraient permettre à Katusha d'empocher de nombreux bouquets, en deuxième comme en première division.

En montagne, le groupe s'est également étoffé avec l'arrivée de deux fringants trentenaires, Mikel Nieve et surtout Wout Poels. Prêt à quitter Kinder malgré une belle saison, le Néerlandais vient apporter son expérience et ses nombreuses qualités. A n'en pas douter, il sera un précieux pourvoyeur de points et peu de monde semble en mesure de lui résister en Continental Pro, à l'exception de Romain Bardet ou encore Mikel Landa, respectivement chez Trek - Segafredo et Euskadi. Leopold König et Alexander Foliforov essaieront de l'épauler au mieux, même si, globalement, les équipiers semblent assez léger en comparaison avec les principaux leaders de Katusha. Mais remodeler un groupe de fond et comble n'est jamais facile et cette année de transition pourrait bien s'avérer fructueuse malgré une profondeur de banc limitée.

C'est sans doute le plus gros coup réalisé par une formation Continental Pro lors de de la dernière période des transferts ! Être en mesure d'attirer une star du calibre de Pascal Ackermann n'est pas donné à tout le monde, et le manager Degenkolb s'est donné les moyens de ses ambitions avec un sprinteur de classe mondiale dans les rangs de la formation russe. A tout juste 24 ans, le natif de Kandel n'a plus rien à prouver et soutient aisément la comparaison avec Elia Viviani, Dylan Groenewegen ou encore Fernando Gaviria. Les bouquets devraient s'enchaîner à vitesse grand V en Continental Pro, d'autant que la concurrence est limitée à Mark Cavendish, Giacomo Nizzolo ou encore Bryan Coquard à première vue. Avec un train dévoué constitué de Roberto Ferrari et Matteo Malucelli, l'Allemand devrait faire parler de lui à longueur d'année, après une saison relativement discrète du côté de Cofidis.

Au sein d'une équipe dépourvue de grimpeur en 2018, la signature de Wout Poels fait figure de bouffée d'oxygène pour le nouveau manager en charge de Katusha. Quatrième du dernier Tour d'Espagne sous les couleurs de Benetton, il n'a pas été retenu par Metà bien qu'ayant donné entière satisfaction et va découvrir de nouveaux coéquipiers. Assurément, la remontée en World Tour passe par de belles performances du Néerlandais, qui essaiera de scorer partout où il prendra le départ. Amené à se partager le leadership en altitude avec Mikel Nieve, il part quand même avec une longueur d'avance sur l'Espagnol et pourrait bien également faire parler la poudre sur les terrains vallonnés. Puncheur expérimenté, Wout Poels espère bien figurer sur les Ardennaises, si son équipe demande et obtient une invitation, que ce soit pour la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège ou encore l'Amstel, à domicile.

En premier lieu, que penses-tu des différents mouvements qui ont eu lieu au sein de ton équipe durant la période des transferts ? Es-tu satisfait de ton nouvel effectif ? As-tu des regrets particuliers ?

Mon équipe doit être la seule équipe où il y a eu le plus de changements parmi les autres. Si je ne me trompe pas, il y a juste 2 coureurs qui sont encore là pour la saison 2019. Je suis très satisfait de mon équipe actuelle, je la trouve largement plus forte que celle que j'ai pu avoir la saison dernière lorsque j'ai repris Once. J'ai eu l'occasion de recruter Pascal Ackermann, il a déjà prouvé son talent, il fait parti des meilleurs sprinteurs du peloton actuel. Wout Poels, qui est un coureur à étapes d'un très bon niveau, est capable de remporter un Paris-Nice, il sera accompagné de Mikel Nieve, son ancien coéquipier chez Sky. Nacer Bouhanni, le champion de France actuel, est un coureur que je voulais absolument à l'ouverture du mercato et qui peut jouer les étapes de plaines sur les courses continentales. Il dispose d'une bonne pointe de vitesse pour rivaliser avec les autres. Nous avons recruté des coureurs qui vont former le train de sprint de Pascal Ackermann ou Nacer Bouhanni afin que ces deux puissent lever les bras le plus souvent possible. Nous avons dû faire partir des coureurs, il y a quand même des regrets comme le départ d'Alvaro Hodeg qui est un jeune sprinteur à fort potentiel ou Mike Teunissen qui est capable de briller sur les classiques flandriennes. Je regrette de ne pas avoir eu l'occasion de recruter Alberto Dainese qui était encore disponible lorsque je pouvais le recruter mais l'année prochaine sera la bonne ! Pour conclure sur cette question, j'ai hâte que la saison commence afin que notre équipe fasse le maximum pour monter en World Tour.

Quels sont les objectifs pour la prochaine saison ? En termes de victoires, de points marqués, de succès de prestige, de classement final...

Je suis très ambitieux cette saison, les objectifs sont plutôt clairs : Top 3 en Continental Pro au moins, et si possible la montée. Mais c'est aussi des victoires de prestiges comme Milan-San Remo, où Pascal Ackermann a la capacité de lever les bras, remporter un maillot distinctif sur un Grand Tour , une victoire sur une classique ardennaise avec Wout Poels qui a le potentiel pour briller sur Liège-Bastogne-Liège. J'espère que l'équipe va remporter 5 victoires en World Tour et des courses en Continental Pro.

Selon toi, quelles sont les équipes qui sont désormais les mieux armées dans la lutte pour la première place en World Tour et pour l'accession à la première division et pourquoi ?

Groupama - FDJ et Deceuninck - Quick Step devraient encore se jouer les premières positions mais Manzana pourrait aussi jouer la première place si Alejandro Valverde est en forme. Je pense aussi que Sberbank peut rivaliser avec Geraint Thomas, Primoz Roglic et Edvald Boasson Hagen, c'est assez solide. En ce qui concerne l'accession en World Tour, je pense que mon équipe peut avoir la capacité de monter si l'équipe que nous avons est en forme. Ensuite, Euskadi et Trek, les deux équipes disposent d'un bon effectif avec des gros leaders, Romain Bardet pour Trek et Mikel Landa pour Euskadi, mais il peut y avoir des surprises. Je pense que la lutte entre les trois équipes va être difficile.


A l'inverse, quelles formations vont, selon toi, avoir des difficultés à se maintenir à l'échelon World Tour et pourquoi ?

Selon moi, les deux équipes qui vont descendre vont être Grupo si elle n'a pas de manager.. et Montblanc Miele suite au départ de Tom Dumoulin qui risque de se ressentir. Emanuel Buchmann va marquer des points difficilement en raison de ses annexes et cela sera tout ou rien avec Maximilian Schachmann. Je trouve que l'équipe n'est pas assez complète pour pouvoir se maintenir.

La saison dernière s'est apparentée à un long chemin de croix pour la formation Movistar. Certes, elle a réussi à réaliser quelques places d'honneur, notamment par l'intermédiaire de Rigoberto Uran. Mais elle a surtout souffert d'un véritable manque de victoires, avec un seul bouquet remporté hors championnats nationaux. Le jeune Antonio Pedrero a sauvé la mise sur le Tour d'Autriche, mais le bilan reste bien maigre. Il était impératif de mettre à profit la période des transferts pour repartir sur de bonnes bases et c'est ce que le manager paul08160 s'est attaché à faire. Exit Magnus Cort Nielsen, certes prometteur mais pas assez spécialisé pour lutter face aux meilleurs mondiaux, même à l'échelon Continental Pro. Et bienvenue à Gorka Izagirre, Anthony Roux et Riccardo Minali, qui viennent apporter du sang neuf à un groupe qui en avait besoin.

Le grimpeur colombien ne sera plus seul et pourra désormais s'appuyer sur un équipier précieux sur les terrains accidentés. Venu en provenance de Groupama - FDJ où il était barré par ses leaders, Gorka Izagirre espère également jouer sa carte de temps à autre, notamment face à une concurrence moindre sur le circuit Europe Tour par exemple. Avec un solide puncheur et un jeune sprinteur avec du potentiel, Movistar s'est diversifiée, même si elle a perdu son unique carte pour les classiques pavées. Sans regret.

Enfin, il est important de souligner que l'équipe espagnole a essayé de se rajeunir, en mettant à la porte certains cadres vieillissants comme Oscar Gatto, Ruben Plaza ou encore Francisco Ventoso. Si les quatre principaux leaders se montrent performants et si leurs coéquipiers haussent un peu le ton, il pourrait bien y avoir une belle surprise au classement Continental Pro en fin d'année pour la formation de paul08160. Même s'il faudra sans doute un peu de réussite pour accrocher une place sur le podium, face à des rivales armées jusqu'aux dents comme Trek - Segafredo ou encore Katusha - Alpecin.

L'an passé, Rigoberto Uran a eu des performances à l'image de son équipe, en dents de scie. Arrivé chez Movistar pour prendre la place de Nairo Quintana, plus en odeur de sainteté, il a eu du mal à soutenir la comparaison, mais a néanmoins contribué à hauteur de 50 % aux points collectés par sa nouvelle formation. Solide grimpeur, expérimenté, le Colombien veut et doit mieux faire lors de la saison à venir. C'est la condition sine qua non pour se hisser sur le podium en Continental Pro, ou au moins s'en approcher. Pouvant se dédouaner de certaines responsabilités grâce à la venue de Gorka Izagirre, il pourra adapter son programme, s'alignant parfois en World Tour mais pas toujours. Le Tour des Alpes, le Tour d'Oman, la Mont Ventoux Dénivelés Challenge, la Vuelta a Burgos, autant de courses qui peuvent permettre à Rigoberto Uran de scorer facilement. Et puis, pourquoi ne pas le voir au départ des classiques ardennaises à la fin du mois d'avril, où son punch et ses qualités de résistance pourraient lui permettre de s'immiscer dans la lutte pour un Top 10 ?

Malgré la présence de son frère Ion chez Groupama - FDJ, Gorka Izagirre ne sera resté qu'une saison au sein de la formation française. Limité à un rôle d'équipier pour Thibaut Pinot et Adam Yates, il a néanmoins pu faire parler la poudre en Continental Pro, sur la Vuelta a Burgos notamment. Et c'est exactement ce qu'espère Movistar pour cette nouvelle saison. Solide puncheur, bon grimpeur et honnête rouleur, l'Espagnol est complet et a des qualités à faire valoir face à une concurrence moindre à l'échelon inférieur. Quand son leader Rigoberto Uran ne sera pas au départ, il pourra jouer sa carte, probablement avec succès. Épaulé par Antonio Pedrero et Brice Feillu en montagne, aux côtés d'Anthony Roux sur les terrains vallonnés, il pourrait bien offrir une centaine de points à Movistar, ce que Magnus Cort n'avait pas su faire dans un registre différent en 2018.

En premier lieu, que penses-tu des différents mouvements qui ont eu lieu au sein de ton équipe durant la période des transferts ? Es-tu satisfait de ton nouvel effectif ? As-tu des regrets particuliers ?

Je suis globalement satisfait de mon mercato. Nous avons réussi à nous renforcer sur pas mal de domaines, notamment pour les courses de puncheur. Nous avons une équipe capable de jouer la gagne sur pas mal de course du plateau Continental. Nous nous sommes affaiblis pour les classiques pavées avec notamment le départ de Magnus, mais ce n'était déjà là pas notre point fort. Je suis également curieux de voir comment va évoluer le jeune Minali, qui n'était pas notre cible n°1 mais nous tâcherons de le mettre dans les meilleurs dispositions possibles.

Quels sont les objectifs pour la prochaine saison ? En termes de victoires, de points marqués, de succès de prestige, de classement final...

J'espère pouvoir obtenir une dizaine de victoires et espérer jouer aux alentours des 900 points, cela devrait nous permettre de nous retrouver dans le Top 4 Continental qui est l'objectif. Nous ne ciblons pas forcément de grande victoire car ce n'est pas cela qui nous permettra de pérenniser l'équipe.

Selon toi, quelles sont les équipes qui sont désormais les mieux armées dans la lutte pour la première place en World Tour et pour l'accession à la première division et pourquoi ?

Je ne suis pas un très bon pronostiqueur mais je pense que Groupama - FDJ et Sberbank devraient se jouer le titre, elles ont toutes les deux plusieurs leaders capables de jouer la gagne sur les Grands Tousr, mais également sur les classiques et éventuellement en Continental. Ce seront pour moi les deux gros clients de la saison.

A l'inverse, quelles formations vont, selon toi, avoir des difficultés à se maintenir à l'échelon World Tour et pourquoi ?

Si Grupo Éxito ne retrouve pas de manager, elle est déjà condamnée. Après, je me demande si la marche ne sera pas trop haute pour Sport Vlaanderen. Leur effectif n'a pas vu d'arrivée majeure qui pourrait leur promettre une grande quantité de points sur les épreuves World Tour. J'ai moins de doute pour Lotto Soudal qui devrait pouvoir compter sur Fuglsang, Teuns et Bennett en World Tour ainsi qu' Hofstetter, Kangert ou Bol en Continental Pro. Je pense également que Montblanc Miele devrait descendre car son effectif est complet mais n'a pas un coureur capable de ramener de très gros points.

Face à Sport Vlaanderen, Lotto Soudal et même Trek - Segafredo et Dimension Data, il n'y avait rien à faire la saison dernière pour CCC. Mais pour l'année à venir, le manager Nautilus entrevoit une fenêtre de tir qui pourrait bien permettre à l'équipe polonaise de se mêler à la course au podium, et pourquoi pas même à la montée en World Tour. Les progrès sont bien réels en termes de qualité, que ce soit au sprint ou en montagne. Un peu esseulé, Rafal Majka peut désormais compter sur le jeune prodige slovène Tadej Pogacar qui pourrait bien faire très mal sur les courses de deuxième division. Plutôt à l'aise contre-la-montre, il grimpe très bien et son principal défaut se résume à son manque d'expérience, qui pourrait bien être gommé rapidement. Son compère polonais apportera sans doute la majorité des points de CCC Team en 2019, mais Tadej Pogacar ne sera pas en reste, à coup sûr.

Pour Niccolo Bonifazio, c'est un peu la même histoire. Auteur de bons résultats par le passé, l'Italien voit d'un bon oeil la signature de son compatriote Jakub Mareczko, qui prendra le leadership de temps à autre. De ces quatre coureurs, aucun ne sort réellement du lot comme ce pourrait être le cas de Pascal Ackermann, Mikel Landa ou encore Romain Bardet chez les rivales de Katusha, Euskadi et Trek. Mais la densité des têtes d'affiche n'est pas un défaut, bien au contraire. Et en plus quand elle est couplée à de bons équipiers, elle peut déboucher sur de belles surprises en course. Car en second rideau, Nautilus s'est assuré les services de solides lieutenants. Luka Mezgec, débarqué de Sberbank, Jan Polanc, barré chez AG2R La Mondiale, ou encore Riccardo Zoidl pourraient sortir de l'ombre de temps en temps et accrocher quelques accessits intéressants dans l'optique de la montée.

Enfin, dernier point qu'il est important de souligner, l'arrivée d'une jeune garde prometteuse. CCC gère particulièrement bien ses pépites d'Europe de l'Est et du Nord et les laisse grandir à leur rythme. Amund Grøndahl Jansen, Adam Toupalik et Attila Valter, arrivés à l'intersaison, espèrent bien suivre le chemin emprunté avant eux par Tadej Pogacar, Alan Banaszek, Szymon Sajnok ou encore Josef Cerny, tous en pleine progression à des degrés divers. CCC s'attelle à se développer, que ce soit au présent avec de vraies valeurs sûres, mais aussi pour l'avenir. Et si c'était la bonne recette pour jouer de nouveau les premiers rôles après une saison en dents de scie ?

Un leader du pays, c'est ce que voulait le manager Nautilus pour porter CCC vers les hautes sphères du circuit Continental Pro. En conséquence, la venue de Rafal Majka, en remplacement d'Edvald Boasson Hagen, tombait presque sous le sens. Mais la saison 2018 n'a pas été toute rose pour le grimpeur, qui n'a pas toujours réussi à trouver l'ouverture face à une féroce concurrence. Domenico Pozzovivo et Tanel Kangert ont notamment réussi à le museler. Seulement deuxième pourvoyeur de points de son équipe derrière Niccolo Bonifazio, Rafal Majka peut et doit faire mieux en 2019. Très à l'aise dans les longs cols, il est aussi bien capable de jouer le classement général des courses par étapes que de se glisser dans les échappées pour s'offrir une victoire de prestige après un numéro de soliste dont peu ont le secret. Tenant du titre sur le Tour des Alpes, il voudra assurément défendre son bien, et visera également d'autres épreuves comme le Tour d'Oman, la Vuelta a Burgos, la Semaine Coppi et Bartali ou même une classique comme la Mont Ventoux Dénivelés Challenge pour scorer un maximum et repartir de l'avant après plusieurs mois délicats.

Plus dans les plans de son manager Metà, qui l'a proposé à de nombreuses équipes à longueur de mercato, Jakub Mareczko a finalement trouvé un point de chute dans les dernières heures de la période des transferts. Il faut dire que le jeune Italien se révèle particulièrement exigeant et revendique un statut de leader pour cette nouvelle année. En conséquence, il devra tirer son épingle du jeu face aux pointures du sprint, qui sont légion en World Tour. Doté d'une bonne pointe de vitesse, celui qui est né à Jaroslaw en Pologne retrouve ses racines en s'engageant chez CCC Team. Il viendra soulager en partie Niccolo Bonifazio et essaiera de lever les bras un maximum de fois pour garnir son palmarès et celui de sa nouvelle équipe. A 24 ans, il est sans doute encore un peu tendre, mais pas d'inquiétude, il a tout l'avenir devant lui et disposera de solides lanceurs tels Luka Mezgec ou Sondre Holst Enger.

En premier lieu, que penses-tu des différents mouvements qui ont eu lieu au sein de ton équipe durant la période des transferts ? Es-tu satisfait de ton nouvel effectif ? As-tu des regrets particuliers ?

Notre équipe reste sur ses bases de l'année dernière en ce qui concerne nos leaders. Bonifazio et Majka sont toujours là, même si de nouvelles têtes font leur apparition dans le leadership de la CCC, qui viendront seconder ces deux coureurs dans leurs spécialités. Même s'il était déjà dans l'effectif l'année dernière, on peut maintenant compter sur les talents de Pogacar qui a grandement progressé au cours de l'intersaison, et aura ses propres responsabilités lors des courses par étapes. Ce sera de même pour notre plus polonais des italiens, Jakub Mareczko, qui est arrivé au cours des transferts et aura lui aussi pour but de faire briller notre équipe sur les courses où Niccolo ne sera pas au départ. On a donc pour la première fois les moyens de jouer sur plusieurs tableaux autant en montagne qu'au sprint, ce qui me satisfait plutôt bien, et nous laisse envisager une bonne saison.

Les principaux mouvements pour nous sont des arrivées de coureurs assez jeunes, comme Jan Polanc, Amund Jansen, Attila Valter, etc, qui auront pour but de seconder nos leaders lors des courses principales, et de grandir tout au long des courses de la saison. Je mise donc sur le long terme avec un effectif assez jeune, mais qui peut laisser envisager une saison intéressante. Donc non, je n'ai pas particulièrement de regrets à souligner à la suite de cette période de transferts.

Quels sont les objectifs pour la prochaine saison ? En termes de victoires, de points marqués, de succès de prestige, de classement final...

Comme tous les ans, la CCC vise la montée en World Tour, mais pour le moment, l'exploit n'est toujours pas arrivé. Vu notre effectif qui s'est approfondi cette année, on a peut-être un peu plus de chances que les autres saisons de pouvoir enfin accéder au World Tour, mais la concurrence s'est elle aussi affermie, donc on ne peut absolument tabler sur rien en avance à ce niveau là pour 2019. L'année dernière, nous étions arrivés à la septième place en termes du nombre de victoires par équipes, plutôt honorable pour nous ! Viser un Top 5, ou plus probablement les 20 succès dans l'année pourrait être une belle performance. Pour ce qui concerne des objectifs plus précis au cours de la saison, un Top 10 dans un Grand Tour avec Rafal Majka ou Tadej Pogacar serait appréciable. Mais l'on se laisse une marge de manœuvre à ce niveau-là, et on prendra la saison comme elle vient plutôt que de se constituer des objectifs trop précis.

Selon toi, quelles sont les équipes qui sont désormais les mieux armées dans la lutte pour la première place en World Tour et pour l'accession à la première division et pourquoi ?

Pour la division World Tour, la lutte va encore être serrée, mais belle, entre les équipes Groupama - FDJ, Manzana et Deceuninck, qui me semblent, comme depuis plusieurs années, être les mieux armées pour dominer une fois de plus le gratin du peloton mondial. Mais attention à des équipes comme Sberbank ou Benetton qui peuvent bien être les outsiders de cette année.

Pour ce qui est de la montée en World Tour, Katusha et Trek sont les très grands favoris pour la montée... à condition d'être réguliers tout au long de la saison ! Donc attention à ne pas trop s'enflammer sur les qualités intrinsèques des équipes ! De mon côté, j'estime avoir un effectif suffisamment intéressant pour aussi pouvoir jouer cette montée, mais ce sera dur face à ces équipes. Attention également à une autre équipe revancharde, la Fundacion Euskadi !

A l'inverse, quelles formations vont, selon toi, avoir des difficultés à se maintenir à l'échelon World Tour et pourquoi ?

Là aussi, il ne faudra pas forcément se baser uniquement sur les apparences pour tenter de deviner qui redescendra en Continental Pro l'année prochaine. Si la qualité de l'effectif fera beaucoup, la régularité sera tout aussi importante ! Je pense que les équipes qui viennent d'accéder au World Tour, comme Sport, devront lutter pour se maintenir, tout comme Spotify en pleine restructuration ou encore Arkéa ou Ag2r, etc. Mais encore une fois à ce niveau-ci, la messe est loin d'être dite en avance !