Continental Pro 2019 : Présentation des équipes

Déjà discrète la saison dernière, la formation BORA - hansgrohe n'a pas non plus fait de vague ni de gros coup durant la récente période des transferts. Il n'y a même eu aucun mouvement à signaler, si ce n'est les cinq départs de coureurs en fin de carrière comme le Biélorusse Kanstantsin Siutsou ou l'Autrichien Stefan Denifl, impliqué dans une affaire de dopage et qui ne pouvait déjà plus courir depuis plusieurs mois. Heureusement, l'effectif reste de qualité, avec quelques éléments qui sortent du lot. A l'approche de la trentaine, Diego Rosa reste un grimpeur intéressant pour faire des coups de temps à autre en Continental Pro, pourquoi pas sur les semi-classiques italiennes où il pourrait faire parler son punch à domicile par exemple.

Mais c'est surtout par ses deux sprinteurs que la formation managée par Floxing se distingue. Phil Bauhaus et Rüdiger Selig forment une paire particulièrement solide et à même de lever les bras à plusieurs reprises si les jambes répondent bien dans les finals d'étapes ou de classiques. Chacun a ses atouts. Le plus jeune des deux est sans doute un peu plus véloce tandis que Rüdiger Selig est lui capable de passer aisément les pavés présents sur certaines courses d'un jour belges du début de saison. Le salut de BORA - hansgrohe passera par eux, de toute façon. Car le reste du collectif est malheureusement assez faible et passera par des échappées pour se mettre en évidence. Spécialistes en la matière, Pierre-Luc Périchon, Christoph Pfingsten et Preben Van Hecke feront leur possible, tout comme les puncheurs Paul Martens et Yukiya Arashiro. Dans tous les cas, il faudra sans doute un peu de réussite pour atteindre les 10 bouquets espérés par le manager.

A 24 ans, Phil Bauhaus s'affirme de plus en plus comme une valeur sûre du sprint allemand. Doté d'une excellente pointe de vitesse, il essaiera de lever les bras à plusieurs reprises en Continental Pro, et il en est sur le papier largement capable. Mais attention, car il faudra faire avec une concurrence accrue, symbolisée par son compatriote Pascal Ackermann, transfuge de Cofidis et qui s'est engagé chez Katusha. Giacomo Nizzolo et Mark Cavendish pourraient également entraver la marche en avant de Phil Bauhaus. Mais, s'il venait à passer un nouveau cap en 2019, il y a fort à parier qu'il pourrait taper dans l'oeil de la grande soeur Montblanc Miele, qui cherche justement à étoffer son groupe de sprinteurs d'outre-Rhin.

Déjà l'an passé, Trek - Segafredo faisait figure de favorite dans la course à l'accession en World Tour. Malheureusement, la formation américaine n'a pu prendre le départ de certaines courses, ce qui l'a directement mis hors de portée de Sport Vlaanderen et de Lotto Soudal. En terminant quatrième au classement, elle a cependant affiché ses ambitions, notamment grâce à un Tour de France exceptionnel de ses têtes d'affiche françaises Pierre Rolland et Romain Bardet. En 2019, ce dernier sera encore là pour tirer le groupe vers le haut. Partout où il prendra le départ, il sera un rival à ne pas prendre à la légère et devrait amasser bon nombre de points en haute montagne et sur les courses vallonnées. L'Auvergnat partagera le leadership avec Domenico Pozzovivo, toujours une valeur sûre malgré ses 36 ans. Sur ce terrain, l'équipe propose ce qui se fait de mieux en deuxième division, d'autant que Kenny Elissonde est arrivé à l'intersaison pour jouer les équipiers.

Au sprint aussi, il y a du beau monde, avec Giacomo Nizzolo pour collecter quelques bouquets. Boy van Poppel lui servira de lanceur et, même si Pascal Ackermann, sociétaire de Katusha, devrait régulièrement prendre le dessus, le Transalpin sera précieux de janvier à octobre. Il n'est d'ailleurs pas le seul Italien capable de faire briller le maillot Trek - Segafredo. Recrutés il y a peu, Marco Canola et Moreno Moser épauleront Fabio Felline et le  nouveau leader désigné sur les classiques et courses accidentées, Rudy Molard. Le groupe est particulièrement dense et chacun devrait avoir sa chance à un moment ou l'autre. Derrière, quelques jeunes sont à prendre au sérieux pour l'avenir, comme Colin Joyce, Simon Pellaud ou encore Clément Russo. A la lecture des effectifs de Continental Pro en tout cas, la formation emmenée par KimIceman a de belles chances de terminer à l'une des deux premières places, retrouvant le World Tour qu'elle n'aurait sans doute jamais dû quitter.

Extrêmement complet, très à l'aise en haute montagne comme dans les difficiles mais courtes côtes des Ardennes, Romain Bardet a le profil idéal pour guider sereinement Trek - Segafredo vers la première division. En bon grimpeur qu'il est, on devrait le retrouver sur les routes du Tour de France en juillet prochain, et vraisemblablement à Paris - Nice et au Critérium du Dauphiné si son manager effectue une demande d'invitation. Liège-Bastogne-Liège et La Flèche Wallonne peuvent être un beau terrain de jeu également, avec de gros points à la clé. Pour faire simple, en Continental Pro, le coureur français n'a peur de presque personne, si ce n'est Mikel Landa, fraîchement parachuté à cet échelon avec la Fundacion Euskadi. Et il pourrait bien y avoir une belle lutte entre les deux hommes tout au long de l'année, avec la montée en fil rouge.

Puncheur au profil idéal pour évoluer en Continental Pro, Rudy Molard va avoir l'opportunité de s'exprimer pleinement, là où il a eu du mal à se faire une place en 2018 chez Astana. Avec d'autres solides éléments à ses côtés, il sait qu'il sera bien entouré. La fin de saison pourrait lui être propice, un peu à la manière de ce qu'avait fait Tony Gallopin l'an passé, notamment de l'autre côté des Alpes. De temps à autre, on devrait le retrouver aux côtés de son leader Romain Bardet, pour le protéger et l'accompagner le plus longtemps possible. Expérimenté, il saura se mettre au service de l'autre sans rechigner, mais aussi assumer son statut de coureur protégé quand il faudra.